Le centre anticancer (CAC) de Batna, inauguré le 31 mars dernier par Djamel Ould Abbes, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, est presque à l'arrêt. Le CAC est destiné à être un centre entièrement indépendant avec tous les services nécessaires au traitement des patients atteints de cancer. Néanmoins, il n'est ouvert qu'en tant qu'hôpital de jour où sont prodiguées des séances de chimiothérapie. En effet, le seul service transféré à partir du sanatorium vers cette nouvelle structure est celui d'oncologie. Le centre, à vocation régionale, a coûté environ 4,5 milliards de dinars entre structure et équipements, et devait accueillir les malades des wilayas de Batna, Khenchla, Tébessa, Oum El Bouaghi et Biskra. Or le service de médecine nucléaire et le service d'hématologie et d'autogreffe de moelle osseuse, le troisième du genre au niveau national, ne sont toujours pas en activité, dans un domaine où le temps est un facteur crucial pour la guérison. Malgré les directives émises par le ministre en charge, ordonnant le transfert, rien ne semble avoir été fait dans ce sens. L'équipement du CAC d'une imagerie par résonance magnétique (IRM) et d'un système de tomographie par émission de positons (TEP), ou PET scan, est au programme mais le manque d'efficacité des responsables locaux pénalise l'installation de ces équipements. D'ailleurs, l'octroi de 40 appareils supplémentaires d'hémodialyse a aussi été annoncé. Le Pr. Mahdia Saïdi, chef de service d'hématologie, explique qu'aucune information officielle ne lui a été communiquée concernant le transfert de la spécialité d'hématologie au CAC, et c'est donc le flou quant à la gestion de son service. «On ne m'a même pas avertie pour l'inauguration du CAC, alors qu'en qualité de chef de service d'hématologie je suis concernée par la décision du transfert », a-t-elle affirmé. Elle ajoute: «Je ne sais plus si je dois m'investir encore dans l'amélioration du service au niveau de CHU ou attendre le déménagement qui, officiellement, n'est pas d'actualité.» Selon un patient rencontré au CAC, la seule différence entre avant et maintenant c'est l'espace. «Nous avons plus de confort quand on fait notre séance de chimiothérapie, nous avons des lits individuels, mais d'autres malades ont besoin de soins complémentaires indispensables ici», a-t-il dit. Pour sa part, Kamel Madhoui, responsable du marché auprès de la direction de la santé, et gérant du centre, pressenti, selon certaines indiscrétions, comme directeur, reste injoignable malgré plusieurs tentatives. Par ailleurs, aucune communication de la part de la direction de wilaya de la santé n'a été émise quant à l'état d'avancement des installations. En attendant une prise de décision, l'état de santé des malades se dégrade, et plusieurs d'entre eux n'auront plus beaucoup de chance de guérison. Pire encore, ils décéderont.