Alors que leur situation sociale frise la mendicité au regard de la modique pension mensuelle qu'ils perçoivent, les pensionnés de la wilaya subissent un autre phénomène décourageant qui vient s'ajouter à leurs éprouvantes difficultés de survie : c'est celui de la bureaucratie décriée qui, paradoxalement, les gagne eux aussi comme s'ils étaient en activité, à l'instar des travailleurs. Ces pensionnés subissent à chaque rentrée universitaire un véritable calvaire. Ils sont ballottés d'une administration à une autre pour se faire délivrer par l'administration des impôts des extraits de rôle du père et de la mère au foyer exigés dans le dossier de la bourse universitaire de leurs enfants inscrits. Pour l'obtention de « ces précieuses pièces » indispensables sous peine de voir la recevabilité du dossier de bourse rejetée, les parents retraités de l'universitaire sont mis dans l'obligation de se livrer à un grand parcours du combattant, pour retirer d'abord un autre document, intitulé « domiciliation », à remplir et à soumettre ensuite à une légalisation au niveau de la commune de résidence. Cette formalité préalable reste, en définitive, conditionnée à la délivrance des fameux extraits de rôle accompagnant le dossier administratif de l'étudiant. La première question qui vient à l'esprit et que ces pensionnés, ces anciens travailleurs, se posent et soulignent avec force est : « En vertu de quel droit, de quelle logique, un étudiant, dont l'unique ambition est de poursuivre ses études, se voit exigé de fournir des extraits de rôle dont il ignore même la portée et dont les parents ne sont pour la majorité que de simples salariés ou retraités ? » Et même, fait-on remarquer, si les parents retraités sont encore en âge de travailler et exercent des activités libérales, a-t-on pour autant le droit de « pénaliser » l'étudiant à travers le père et la mère ? Si le but recherché, indique-t-on encore, par l'administration du fisc (on le comprend parfaitement), est d'épingler les commerçants et entrepreneurs récalcitrants redevables au fisc, il n'en demeure pas moins que l'emploi d'un tel procédé, qui pénalise en premier lieu l'étudiant universitaire pour l'obtention de sa bourse, est considéré par les pensionnés, de surcroît n'exerçant aucune activité salariée, comme étant une mesure répressive, dissuasive et attentatoire au droit d'étudier. Donc, la suppression de cette disposition fiscale s'impose en vertu du simple droit reconnu à l'étudiant, comme partout dans le monde, de poursuivre ses études sans contrainte administrative ou fiscale. Pour ce faire, il appartient donc à nos députés de réagir et d'interpeller conjointement le ministre de l'Enseignement supérieur et le ministre des Finances, ayant institué cette disposition qui surgit à chaque rentrée universitaire et jugée aberrante à l'égard des étudiants, en vue de demander son abrogation.