Des centaines d'habitants de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, ont manifesté dans la matinée d'hier devant le siège du gouvernorat contre la politique d'exclusion et de marginalisation pratiquée par le gouvernement à leur encontre. Les manifestants ont scandé des slogans condamnant l'inertie du gouvernement dans la réalisation des objectifs de la révolution et la poursuite de la politique de marginalisation de cette région dans le processus de développement. Sidi Bouzid se rebelle Un des protestataires, Naceur, un diplômé chômeur de 32 ans, a indiqué que «le gouvernement donne aujourd'hui la preuve de ses mauvaises intentions. Au lieu de donner une feuille de route à ces citoyens qui ne cherchent qu'à voir se réaliser les engagements et les promesses prises par les responsables qui se sont succédé dans la ville depuis la révolution, les autorités répondent par la violence, la répression, les arrestations et les gaz lacrymogènes». La manifestation a commencé sur la principale artère de la ville, l'avenue Mohamed Bouazizi du nom de l'habitant de Sidi Bouzid qui s'est immolé par le feu, déclenchant les événements ayant abouti à la chute de Ben Ali. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le siège du gouvernorat scandant des slogans demandant le départ du gouverneur, du chef de la police locale ainsi que du procureur du tribunal de la ville, qu'ils accusent d'être «au service du parti au pouvoir, Ennahda».Bouderbala Nciri, médecin et militant des droits de l'homme, présent sur place, a indiqué que «lorsque les manifestants ont cherché à pénétrer par la force dans le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid et brisé le portail d'entrée, les forces de l'ordre ont commencé à tirer en l'air». «Un mouvement de panique s'en est suivi et la foule de manifestants s'est dispersée pour échapper aux gaz lacrymogènes», a-t-il poursuivi. Suite à ces incidents, une source hospitalière a indiqué que «cinq personnes se sont présentées au service des urgences de l'hôpital régional, mais leurs blessures n'étaient pas graves, même celui qui a reçu une balle en caoutchouc à l'abdomen». La ville de Sidi Bouzid et ses environs (Regueb, Mezzouna et Meknassy) ne cessent de connaître des manifestations contre le gouvernement.Les forces de l'ordre ont souvent dispersé violemment ces mouvements de révolte et arrêté les fauteurs de troubles, selon les communiqués du ministère de l'Intérieur. Bouderbala Nciri parle d'une dizaine d'arrestations, dont les manifestants réclament la libération.