Une importante délégation de la Cimade, une organisation non gouvernementale (ONG) de lutte contre toutes les formes de racisme et de défense des droits des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés de par le monde, sera l'hôte de Annaba du 16 au 20 octobre. Cette mission de quatre jours, organisée par l'Association des femmes algériennes pour le développement (AFAD), son partenaire africain, s'inscrit dans le cadre du programme 2010 de la Cimade et devra aboutir à la préparation d'un plaidoyer en faveur de la problématique des harraga en Algérie. Tout au long de leur séjour, les membres de la délégation auront à rencontrer des familles de harraga disparus, de harraga expulsés d'Europe, les réseaux d'avocats et d'universitaires sensibles à la question de la migration clandestine, des représentants de la société civile et des institutions en charge de la lutte contre ce phénomène, dont les garde-côtes. Après Annaba, ils séjourneront du 20 au 22 octobre dans les villes de l'Ouest également concernées par le phénomène de la harga puis dans le Sud, une région connue pour les flux migratoires subsahariens. Cette visite en Algérie de la Cimade intervient à la fin de celle de 15 jours que vient d'effectuer Mounira Haddad, présidente d'Afad, dans les centres de rétention administrative d'Italie et de France, où seule la Cimade est autorisée par la loi à y accéder. L'Algérie a rejoint le réseau africain de la Cimade en février dernier avec l'intégration de l'AFAD au projet régional de défense des droits des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés, initié en mars 2009 à partir de Dakar (Sénégal) par la Cimade. Ce projet auquel, outre l'Unesco, sont associées des ONG du Maroc, de Mauritanie, du Mali, du Niger et du Sénégal, s'étalera sur trois années (2009-2012) au terme desquelles sera élaboré un rapport exhaustif sur la situation des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés dans ces six pays. Une fois finalisé, ce document sera soumis aux instances européennes à l'effet de revoir leur politique sur la question. Le projet régional de la Cimade, faut-il le souligner, a pour finalité de proposer un cadre juridique régional pour la libre circulation des personnes, vu l'ampleur des atteintes aux droits des migrants africains. « Les rapports établis par la Cimade, la seule Ong autorisée par la loi à accéder aux centres de rétention administrative, sont accablants », précise Mme Haddad, la présidente d'AFAD. Et d'ajouter : « L'initiative a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d'assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine ou leur position politique ou religieuse. » Dans son approche de ce délicat dossier, la Cimade a un regard plutôt critique à l'égard de ces six pays qui se sont, selon elle, substitués en « gendarmes » de l'Europe. En effet, note Mme Haddad, des pays traditionnellement d'émigration comme le Maroc, l'Algérie, le Mali, le Niger, le Sénégal ou la Mauritanie sont subitement devenus des pays de transit, voire d'accueil par défaut pour de nombreux migrants, réfugiés et demandeurs d'asile. De plus, les accords initiés par l'Union européenne et ses Etats membres pour endiguer les flux migratoires vers l'Europe ont des conséquences désastreuses sur la manière dont sont traités les migrants.