Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a ouvert hier une session extraordinaire destinée à adopter le rapport Goldstone sur le conflit de l'hiver dernier à Ghaza, dénoncé d'avance par Israël comme « une récompense pour le terrorisme ». Au lendemain d'un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur la question, les 47 membres du Conseil des droits de l'homme ont commencé à se pencher sur un projet de résolution soutenant les recommandations du rapport mené par le juge sud-africain Richard Goldstone. Ce dernier accuse l'armée israélienne, ainsi que les militants palestiniens, d'avoir commis « des crimes de guerre » et « de possibles crimes contre l'humanité » durant l'offensive israélienne à Ghaza de décembre-janvier. Il recommande également aux deux protagonistes de mener des enquêtes internes sur ces incidents et préconise que, si aucun progrès n'est constaté au bout de six mois, le Conseil de sécurité de l'ONU saisira le procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Le projet, initié par les Palestiniens, « apporte son soutien aux recommandations » du juge et appelle « toutes les parties concernées dont les organes de l'ONU à assurer leur application en accord avec leurs mandats respectifs ». Une situation jugée « inacceptable » par Israël qui dénonce depuis sa parution en septembre un rapport « inique, saugrenu et unilatéral ». L'ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU, Aharon Leshno Yaar, a réitéré la position de l'Etat hébreu hier peu après l'ouverture de la session : l'adoption du projet de résolution constituera « une récompense pour le terrorisme et enverra un message aux terroristes de toutes parts », a-t-il dit, ajoutant : « Ce sera un revers pour les espoirs de paix » au Proche-Orient. « Nous enquêtons sur les guerres que nous avons menées et nous n'avons pas besoin de juges extérieurs. Nous n'accepterons pas qu'une majorité hostile à Israël nous juge, ce qui est le cas au sein du Conseil des droits de l'homme », a déclaré en écho le président israélien Shimon Peres. La pression verbale des responsables israéliens ne devrait toutefois pas empêcher le document d'être adopté, selon les experts, dans la mesure où les pays qui l'ont initié, l'Autorité palestinienne avec l'aval du groupe arabe de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), des non-alignés et des pays africains, sont majoritaires au Conseil des droits de l'homme