En adoptant cette position, la Chambre américaine des représentants vient d'épauler l'Administration Obama qui protège les chefs militaires et des leaders politiques israéliens. Un pas en avant, deux pas en arrière. Les Etats-Unis continuent à prouver leur statut de maître dans le conflit isarélo-palestinien. Une fois de plus, les Américains montrent leur talent de ménager la chèvre et le chou. Après le rejet de l'Administration Obama du rapport Goldstone, c'était au tour de la Chambre américaine des représentants d'imposer son «veto» et d'emboîter le pas à la Maison-Blanche. Ce rapport établi par la commission Goldstone, du nom du juge sud-africain Richard Goldstone, a fait état de «crimes de guerre» et de «possibles crimes contre l'humanité» commis durant l'offensive israélienne à Ghaza l'hiver dernier. Cet avis n'a pas été partagé par les parlementaires US. Une majorité écrasante, 344 voix, a approuvé une résolution à travers laquelle on lance un appel au président américain, Barack Obama, et à la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton «à rejeter sans équivoque tout soutien ou tout examen futur» du rapport rédigé par la commission Goldstone. Les Américains maîtrisent parfaitement la politique du bâton et de la carotte. L'Administration Obama a jugé que les «vérités» de la commission Goldstone sont susceptibles de gêner le processus de paix au Proche-Orient. Or, en réalité, il s'agit juste d'une politique bien ficelée pour protéger Israël et ne pas laisser tomber son «enfant». Pour la simple et l'unique raison que les USA épaulent Tel-Aviv et empêchent les poursuites de chefs militaires et de leaders politiques israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Le rapport l'ONU est «inégal, injuste et inexact», a qualifié Steny Hoyer, chef de la majorité démocrate de la Chambre. A contrario, Brian Baird, représentant démocratique, s'est opposé à la résolution de la Chambre. Il s'est porté comme témoin de la sauvagerie de l'armée israélienne et de ses massacres commis contre les innocents palestiniens. Le rapport de Goldstone «dit un certain nombre de choses, qui, bien qu'elles soient déplaisantes, sont vraies et ne doivent pas être occultées», a-t-il témoigné. Les auteurs de la résolution symbolique jugent le rapport Goldstone «irrémédiablement partial». Le document onusien, rejeté par Israël, accuse les forces armées israéliennes «d'actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité». L'offensive d'Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 répondait aux tirs de roquettes palestiniens contre son territoire, également assimilés par le rapport à des «crimes de guerre» et «peut-être contre l'humanité», car dirigés sur des zones dépourvues d'objectif militaire. A la suite de ses agressions, l'Etat hébreu a essuyé une sévère défaite diplomatique. La communauté internationale n'a pas cessé de dénoncer et de condamner Israël. D'ailleurs, lors de l'étude de ce même rapport au niveau du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, en octobre dernier, les membres ont adopté ce document à une large majorité. Il n'y avait que les Etats-Unis, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, qui s'y sont opposés. A noter que ce rapport a été examiné hier par l'Assemblée générale des Nations unies. Les pays arabes ont adopté et déposé à l'AG de l'ONU un projet de résolution approuvant le rapport Goldstone, du nom du juge sud-africain Richard Goldstone, président de la mission du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, qui avait enquêté sur les agressions militaires israéliennes contre la bande de Ghaza. Les débats sur cette question pourraient durer jusqu'à aujourd'hui. Le document a de fortes chances d'être adopté, car les pays arabes devraient réunir une majorité, grâce au soutien du Mouvement des non-alignés et du groupe des 77 qui réunit les pays en développement parmi les 192 Etats membres de l'Assemblée.