Le CDH de l'ONU s'est réuni jeudi et hier pour une session extraordinaire sur la demande de l'Autorité palestinienne avec le soutien du groupe arabe, l'OCI, les PNA et les pays africains. Le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU a adopté hier une résolution initiée par les Palestiniens et qui approuve le rapport Goldstone dénonçant des crimes de guerre commis lors du conflit à Ghaza l'hiver dernier. Le vote a été approuvé par 25 voix pour, 6 contre et 11 abstentions, «en conséquence il est adopté», a indiqué le président du Conseil des droits de l'homme. Cinq des 47 Etats membres du Conseil, dont la France et le Royaume-Uni ont refusé de participer au vote qui renvoie concrètement le dossier aux instances onusiennes de New York, l'Assemblée générale de l'ONU et le Conseil de sécurité. Les responsables français et britannique ont tenté juste avant sa tenue de négocier avec Israël sur «la mise en oeuvre des recommandations faites aux parties notamment concernant les enquêtes» nationales, a expliqué l'ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattéi. Mais les membres du Conseil ont refusé de donner du temps à ces négociations de dernière minute destinées à aboutir à «des décisions concrètes», a-t-il regretté, justifiant ainsi la décision de Paris et Londres de ne pas participer au vote. Le Conseil des droits de l'homme était réuni depuis jeudi pour une session extraordinaire sur la demande de l'Autorité palestinienne avec le soutien du groupe arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI), les non-alignés et les pays africains majoritaires au sein du Conseil. Moins de deux semaines après la décision du Conseil de reporter de six mois l'examen du rapport ultra-sensible, les Palestiniens ont opéré une volte-face en début de semaine pour obtenir dans les plus brefs délais l'adoption d'une résolution en trois parties sur «la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-est». La principale soutient les recommandations du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone qui accuse l'armée israélienne, mais aussi les militants palestiniens, d'avoir commis «des crimes de guerre» et «de possibles crimes contre l'humanité» lors de l'agression israélienne contre Ghaza de décembre-janvier. Le texte approuve ainsi la demande d'enquêtes nationales indépendantes des deux parties pour punir les responsables de crimes et le fait que le Conseil de sécurité puisse saisir le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en cas d'échec de ces enquêtes. Ce point constitue la principale pierre d'achoppement pour nombre de pays et en premier lieu les Etats-Unis qui ont voté contre la résolution palestinienne, sans laisser de doute sur le veto à attendre de leur part au Conseil de sécurité. «Cette résolution a été motivée par des considérations interpalestiniennes et arabe. Elle est politique et dilue le rapport Goldstone» dans un texte qui dénonce également des violations de droits de l'homme d'Israël dans les territoires occupés et à Jérusalem-est, explique un diplomate occidental. «En transmettant le dossier à New York, elle le conduit à une impasse» en raison du veto attendu des Américains, ajoute-t-il. Un ministre israélien a qualifié hier de «farce diplomatique» l'adoption par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU du rapport Goldstone qui accuse Israël de «crimes de guerre» lors de la dernière guerre de Gaza. «L'armée israélienne a agi avec des gants de velours envers les civils innocents. La décision du Conseil est une farce diplomatique», a estimé dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Eli Yishai. M.Yishai, qui est aussi vice-Premier ministre, a fustigé «une décision anti-israélienne qui couronne un rapport anti-israélien». Les Palestiniens n'ont pas caché leur satisfaction. L'Autorité palestinienne «se félicite de la décision du Conseil des droits de l'Homme et nous espérons maintenant que le rapport (Goldstone) sera porté devant le Conseil de sécurité» de l'ONU, a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat. De son côté, le mouvement islamiste Hamas, rival de l'Autorité palestinienne et qui contrôle la bande de Ghaza, s'est aussi réjoui de l'adoption du rapport Goldstone en «remerciant tous les pays qui ont voté en sa faveur». «Nous espérons que ce vote conduire à un procès des chefs de l'occupation (israélienne)», a commenté un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou.