La fin de la mixité a provoqué des remous chez les étudiants, la contestation des lycéens commence à s'étendre à tout le pays… Comment voyez-vous ces mouvements, assez récents, dans ces classes d'âges ? Le malaise est profond dans la jeunesse algérienne, mais je ne peux que constater que les réactions sont assez timides pour l'instant. Les syndicats et les associations de lycéens n'existent pas. Les jeunes semblent avoir d'autres priorités. En Algérie actuellement, la jeunesse se cherche encore et ne prend pas trop de risques. Pourtant, elle suscite des craintes. Après la décennie noire, la fébrilité des jeunes fait craindre aux autorités des manipulations. Mais et j'insiste sur ce point, ces jeunes qui manifestent essayent de trouver une solution au sein même du système. Les autres, eux, prennent le large, dans tous les sens du terme. Leurs revendications sont multiples et s'expriment souvent spontanément. Quel regard portez-vous sur ces appels ? Leurs revendications et leur colère sont compréhensibles. Je l'ai dit, au niveau scolaire, les jeunes pensent trouver une issue dans le cadre même du système actuel. Ce qu'ils contestent est simple et renvoie toujours au même problème : celui du dialogue. Toute la société a été prise au dépourvu par ces nouvelles mesures. La réorganisation du temps d'activité avec le passage au week-end semi-universel est l'exemple même d'un projet à faible maturation. Tout un chacun aurait pu adhérer à ce changement de rythme si la décision avait été prise après un véritable consensus. L'organisation sociale qui découle de ce chamboulement est encore à prévoir. Les autorités n'ont pas anticipé les implications dans la vie quotidienne des citoyens.