Les quatre candidats d'origine algérienne à l'élection législative de la province canadienne ont tous été battus ce mardi 4 septembre à l'issue d'un scrutin qui a vu le retour au pouvoir, bien que minoritaire, des indépendantistes du Parti québécois (PQ) et l'élection, pour la première fois, d'une femme au poste de premier ministre. Malgré les sondages qui la donnaient favorite, Djemila Benhabib, candidate pour le PQ dans Trois-Rivière à 140 km au nord-est de Montréal, n'a pas pu décrocher ce poste. La lutte a été très serrée avec la députée sortante du Parti libéral du Québec qui a dirigé la province francophone depuis 2003. Au point où il a fallu attendre jusqu'autoue de minuit pour avoir les résultats finaux. Elle a été défaite par un score de 10 254 voix contre 11 248 voix pour sa rivale, soit un écart de 994 électeurs sur les 43 279 inscrits. Djemila Benhabib s'est fait connaître au Québec à travers deux essais, l'un autobiographique Ma vie à contre-coran et l'autre Les soldats d'Allah à la conquête de l'Occident qui surfe sur la thèse du péril musulman qui menace la civilisation occidentale. Ses prises de positions contre l'islam politique, l'islam tout court, selon certains observateurs, lui ont valu beaucoup de sympathie dans les médias québécois, particulièrement ceux proches de la droite souverainiste, et dans certains cercles politiques. La limite dans l'opinion publique entre islamophobie et anti-islamisme n'étant pas toujours claire. Le Parti québécois l'a parachutée à Trois Rivière, mais cette stratégie n'a pas été payante. Paradoxalement, à Montréal où réside la majorité des immigrants d'origine algérienne, maghrébine et musulmane, le PQ avait mesuré certaienement que les chances cette native d'Ukraine de père algérien et de mère chipriote grècque étaient quasi-nulles. Djemila Benhabib, donné pour ministrable, devait aussi promouvoir la charte de laïcité interdisant le port du voile dans l'administration publique et les organismes subventionnés par l'Etat. Un autre paradoxe, puisque le taux des immigrants et les femmes voilées dans la fonction publique québécoise est microscopique. Une conception de la laïcité qui va à l'encontre du mutliculturalisme canadien et calquée sur le modèle laïc français. Dans la communauté, les avis divergent entre partisans et pourfendeurs. Commentant la défaite de Djemila Benhabib, Farid Salem, d'origine algérienne et membre du PQ , trouve que certains membre de sa communauté ont été aveuglés par leur machisme. « Plus de 10 000 électeurs ont voté pour elle. Montrez-moi quelqu'un de la communauté qui peut se targuer de représenter autant de Québécois…», affirme-t-il. « Je ne me réjouirais jamais de la défaite de quelqu'un, fût-il mon pire ennemi. », nous dit Aissa Lamri, animateur de radio communautaire lui aussi d'origine algérienne. « La défaite de Djemila Benhabib, cette compatriote qui a fui comme beaucoup d'entre-nous l'Algérie et la violence des années 1990, n'est pas ma propre défaite. C'est celle de ceux qui, au lieu d'écrire des romans d'amour, ont écrit pour semer le doute dans l'esprit de cette société qui nous a accueillis à bras ouverts. C'est la défaite de ceux qui écrivent pour alimenter la haine et l'islamophobie dans l'esprit de ce peuple ouvert et tolérant. C'est celle de ceux qui nourrissent à travers leurs écris et leur comportement le racisme anti-musulman », ajoute-t-il. Il conclura en disant que « Djemila ne doit s'en prendre qu'à elle même, les Trifluviens et le reste des Québécois ne sont pas dupes, ils savent séparer le bon grain de l'ivraie. Les Algériens qui siègent à la chambre des communes [la parlement canadien, NDLR] ne se sont pas servi de l'islam comme tremplin pour y arriver. » . Les trois autres candidats d'origine algérienne : Rachid Bandou (PQ), Farida Chemmakh (PLQ) et Amal Bouchentouf ont tous subi un échec cuisant.
La fête gâchée
La soirée électorale qui devait célébrer le retour au pouvoir des indépendantistes du Parti québécois, a été ternie par un attentat qui a coûté la vie à un homme au moment où la nouvelle première ministre Pauline Marois prenait la parole devant ses partisans. Les motivations de l'homme qui appartiendrait à la miniorité anglophone du Québec ne sont pas claires. Les médias québécois rapportent qu'au moment de son arrestation il scandait « les anglais se réveillent ». Le Parti québécois (PQ), un parti nationaliste de gauche, travaille pour l'indépendance du Québec francophone du reste du Canada anglophone. La perspective de sa prise de pouvoir, bien que minoritaire, semble avoir joué dans cet acte, très râre dans le Québec moderne. Sur les 125 sièges de l'Assemblée nationale du Québec, 54 sont revenus au parti indépendandite, 50 au Parti libéral du Québec (PLQ) qui était au pouvoir depuis 2003, 19 à la Coalition Avenir Québec (CAQ)et 2 au parti d'extrême gauche Québec solidaire. Au niveau fédéral, le Parlement canadien compte trois députés d'origine algérienne : Djaouida Sellah, Sadia Groguhé et Tarik Brahmi