En effet, la cérémonie mettant en œuvre un programme étalé sur deux jours et établi par la dynamique équipe de l'Assemblée populaire communale a associé, pour la circonstance, l'organisation locale des moudjahiddine et celle des fils de chouhada. A cet égard, elle a fait appel à des anciens moudjahiddine qui avaient assumé, pendant la guerre, des responsabilités dans la région, parmi lesquels figurent Mohand Arab Agsous, Mohand Larbi Mezouari, Djoudi Attoumi, Madjid Khatri, Abderrahmene Harkouk et Abdelmadjid Azzi, un enfant d'Akbou dont les parents sont natifs de la commune d'Igrham. Ils ont été accueillis par le président de l'APC, Boussaad Ibaliden et le vice-président, Idir Balit. Il s'agit, dans un premier temps, de rendre visite à l'ancien hôpital de l'ALN implanté sur les hauteurs de la commune à l'entrée du village d'El Mechta. Les invités, accompagnés par le président et le vice-président de l'APC, se sont rendus sur les lieux mêmeq où Mohand Larbi Mezouari avait exercé les fonctions de chef de secteur du service de santé, de 1958 à 1960. Avant cette date, un hôpital avait été, selon des témoins, érigé au hameau de Zeggane, que la délégation n'a d'ailleurs pas manqué de visiter. Ce fut un moment d'émotion intense ressenti aussi bien par la délégation que par les habitants venus nombreux à sa rencontre. A cette occasion, Mohand Larbi Mezouari a rappelé le rôle qui fut le sien et remémoré quelques-unes des actions entreprises pour soigner une population en proie aux pires sévices de l'armée coloniale. Les grandes batailles qui avaient eu lieu dans cette commune dès 1956, – la première, celle d'Ath Amar Ouzegane en janvier 1956 – ne se comptent plus. Elles témoignent, à l'évidence, de son importance dans la stratégie de l'ALN et de l'engagement, sans limite, dont avaient fait preuve ses habitants, notamment pendant les moments les plus durs de la guerre. Le colonel Amirouche était très souvent l'hôte du village de Taslent, dans la maison des Boudaoud, où il aimait bien séjourner, se sachant en sécurité, malgré sa proximité de la ville d'Akbou. La commune, riche de ses 17 villages et hameaux et de ses 13 000 habitants, avait donné à la révolution de prestigieux combattants, des héros – la liste serait incomplète – et dont certains sont toujours en vie. Igrhram fut, dès lors, la citadelle contre laquelle venaient se briser toutes les offensives ennemies. Le PC de zone, que dirigeait Djoudi Attoumi, était installé non loin de l'hôpital, dans le hameau d'Ikhervouchen, avant qu'il ne soit déplacé dans un autre lieu, à proximité de Lazib Ben Ali Chérif. En outre, dans le village d'Iamoren, une infirmerie avait été aménagée dans la maison de Amar Azzi pour accueillir le trop-plein de patients en provenance de l'hôpital, jusqu'au jour où elle fut bombardée, tuant sur le coup ses deux enfants. Ce désastre est intervenu en juin 1958, au cours de la mémorable bataille d'Iamoren, qui avait mis aux prises deux compagnies de l'ALN et plusieurs bataillons ennemis. Le soir, à l'issue de combats meurtriers, l'ennemi s'était retiré, laissant sur le terrain plus d'une centaine des siens. Malheureusement, les bombardements au napalm et les obus de l'artillerie ont causé la mort de trente djounoud, parmi lesquels l'aspirant Saïd Bellil dit «l'Indochine», l'adjudant Arrouche dit «Ali Baba» et Lounes Ladjadj. Nos blessés reçurent les premiers soins à l'hôpital d'El Mechta par les mains de Mohand Larbi Mezouari. Par ailleurs, les invités de la commune n'étant pas revenus depuis cinquante ans, sont restés admiratifs en constatant les efforts consentis pour relier tous les villages, jusqu'aux coins les plus reculés, par de magnifiques routes bitumées, ce qui au demeurant constitue une véritable performance lorsqu'on apprend que c'est par ses propres moyens – les subventions de la wilaya étant insignifiantes – et par une volonté farouche que l'équipe communale s'est acharnée à mener à bien, l'espace d'un mandat, ces grandes réalisations qui ont manifestement rompu l'isolement, au grand bonheur des habitants en attendant d'entreprendre d'autres tout aussi importantes. Le soir, à 21h, après le départ des frères Mohand Arab Agsous, Djoudi Attoumi, Madjid Khatri et Hmanou Harkouk, une conférence animée par Mohand Larbi Mezouari et Abdelmadjid Azzi a suscité l'intérêt des nombreux auditeurs, particulièrement les jeunes avides de connaître la vraies Histoire de leur pays par les véritables acteurs, en posant des questions pertinentes sur tous les sujets relatifs à la période de la guerre de libération et auxquelles s'y sont prêtés, de bon cœur, les deux conférenciers. Le débat fructueux à duré jusqu'à une heure du matin. Le lendemain, 5 juillet, un hommage particulier est rendu à tous les martyrs devant la stèle érigée à l'entrée du village d'Iamoren, en procédant au dépôt d'une gerbe de fleurs et à la présentation des armes pendant la levée des couleurs par un détachement de la police. Le P/APC, le coordinateur de l'organisation nationale des moudjahiddine et celui des fils de chouhada ont, tour à tour, pris la parole pour glorifier le sacrifice consenti par tous les martyrs de la commune. Des moudjahiddine, parmi lesquels le frère Abdelmadjid Azzi, ont aussi pris la parole pour appeler les nouvelles générations à prendre en main leur destin, à l'image de leurs aînés qui avaient fait preuve d'abnégation pour libérer l'Algérie du joug colonial. En conclusion, ces deux journées commémoratives ont ravivé la flamme du souvenir et renoué avec l'histoire glorieuse de toute la région. Tout cela dans le recueillement et afin que nul n'oublie les sacrifices consentis pour arracher l'indépendance et mettre fin à la société coloniale. Un grand bravo aux élus de la commune d'Ighram pour cette excellente initiative.