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Sila : les préférences littéraires des Algériens
Publié dans El Watan le 14 - 09 - 2012

Selma Hellal. Co-éditrice aux éditions Barzakh : La fournée de nouveaux titres est riche en romans

– Le Sila est un rendez-vous incontournable, marquant la «rentrée littéraire» en Algérie. Un concept qui vous dérange, non ?

Il ne me dérange pas. C'est juste un abus de langage, une facilité. Car la formule «rentrée littéraire» fait strictement référence à un rituel français, à une balise du champ éditorial exclusivement français. Et c'est heureux ! C'est un moment palpitant, que nous suivons chaque fois, en tant qu'éditeurs, avec une grande excitation. On peut remarquer aussi que cette période si particulière en France accorde une visibilité exceptionnelle aux écrivains et pas seulement des auteurs de best-sellers. Ainsi par exemple, ils passent au JT de 20h de chaînes de télévision, chose qui, le restant de l'année est plutôt rare. C'est vraiment un moment passionnant de mise à l'honneur de la littérature, de célébration de celle-ci. Cependant ailleurs, cela n'existe pas. Aux Etats-Unis, en Allemagne, au Liban, en Egypte, les livres sortent toute l'année, à une cadence régulière et continue, sans «rentrée» particulière. Chaque pays donc invente et fabrique sa propre manière de façonner son champ éditorial, d'en scander le rythme. Et l'Algérie, me semble-t-il, fait résolument partie des pays qui n'ont pas de «rentrée» littéraire. A notre décharge à tous, il y a sans doute une confusion qui, au gré des années, s'est installée et explique peut-être cette banalisation de la formule : on parle volontiers de «rentrée éditoriale» en septembre, car c'est à ce moment-là que se tient le Salon international du livre. Or il est vrai que, pour ce rendez-vous, nous nous préparons tous avec une énergie décuplée, nous avons tous le souci de surprendre le public, de le séduire avec des nouveautés, etc.

– Quels sont les auteurs que présenteront les éditions Barzakh lors de ce rendez-vous ?

La «fournée» de nouveaux titres est riche. Notamment en romans. Difficile, donc, d'en isoler un ou deux seulement du lot. Habib Ayyoub nous revient avec un court texte satirique, dans le prolongement de sa prose caustique et pleine d'humour qui nous est désormais familière, Le Remonteur d'horloge. L'insolence de ce livre est bienfaisante ! Amin Zaoui nous propose un nouveau roman, prolongeant sa quête dans l'imaginaire, l'érotisme et la liberté Le Dernier Juif de Tamentit. Il y a également le roman de Abdelwahab Benmansour Les Voies de l'errance. A l'origine écrit en arabe et édité chez Barzakh en 2006 (Foussous Ettih), nous l'éditons aujourd'hui en français, traduction en tous points remarquable effectuée par Lotfi Nia, traducteur compétent et inspiré. C'est un roman magnifique, relatant une quête spirituelle, roman rythmé, énigmatique et qui, littéralement, hypnotise le lecteur. Lotfi Nia l'a rendu dans toute sa beauté. Nous sommes très fiers de ce travail. Quant aux essais, s'il faut en souligner un, c'est bien celui que nous publions en co-édition avec les éditions La Découverte, Histoire de l'Algérie à la période coloniale. Une œuvre collective colossale, une somme, qui réunit les contributions de spécialistes algériens, français, mais aussi (et c'est probablement une des originalités, entre autres, de ce livre) américains, britanniques, allemands, canadiens. Le cosmopolitisme des regards, la diversité des approches donnent à cette publication une qualité exceptionnelle, et en font d'ores et déjà un ouvrage de référence. Nombre d'auteurs (ceux cités plus haut) seront présents pour des dédicaces. Sans compter, bien évidemment, l'auteur de notre best-seller de l'année 2011, La Martingale algérienne, Abderrahmane Hadj Nacer, qui sera présent pour signer son livre, avant que la version arabe de celui-ci ne soit disponible fin octobre prochain.

– En 17 ans d'existence, le Sila est devenu une plaque tournante pour les éditeurs, auteurs et lecteurs. L'objectif de création d'un réseau homogène a-t-il été atteint ?

Rares sont les salons du livre destinés à créer des réseaux homogènes. Seul, sans doute, celui de Francfort a atteint cet objectif, alimentant le réseau mondial des achats de droits. Tel n'est pas leur objectif. Le SILA reste avant tout une foire. C'est-à-dire un endroit où on vend des livres. Le bénéficiaire incontestable est l'éditeur, puisqu'il fait des ventes directes sans passer par le libraire, «court-circuité» en quelque sorte, pendant cette période et le plus souvent importantes : c'est le rendez-vous par excellence entre l'éditeur et le lecteur/l'acheteur. Pas seulement pour les éditeurs algériens d'ailleurs. Le SILA est parmi l'un des salons, en Méditerranée, les plus convoités. Nombre d'éditeurs internationaux (beaucoup du Monde arabe) ne le rateraient pour rien au monde, car le marché algérien est très important. Ce Salon est, en fait, un épisode essentiel pour nous, un point de convergence de tous nos efforts, de nos désirs, de nos engagements. C'est un moment très fort sur le plan tant commercial que symbolique. On y fait d'excellentes ventes en effet. Mais il y a aussi quelque chose d'éminemment gratifiant à rencontrer le public, à lui parler, à échanger avec lui. Le Salon est un moment privilégié, il nous régénère, et redonne du sens à notre action.



Bachir Mefti. Ecrivain et éditeur : nous refusons l'autorité du religieux sur l'écrivain

– Quelles sont les nouvelles tendances dans la littérature arabophone algérienne ? Et surtout qu'est-ce qui la démarque des autres littératures arabes ?

Il n'y a pas de différence entre une littérature écrite en arabe ou en français, cette division traditionnelle n'a pas lieu d'être. Nous sommes devant une littérature moderniste, qui maîtrise des techniques modernes et une esthétique propres au roman. Ce qui est produit en français demeure conservateur et simpliste. Le romancier traite des sujets de l'heure, touchant à l'actualité brûlante et à l'histoire. Il essaye de comprendre la profondeur et la complexité de son pays. Par exemple les romans que j'écris s'inscrivent dans un contexte historique, mais pas dans le sens général de l'histoire. Ce serait plutôt une histoire individuelle, voire personnelle. Donner la parole à l'individu, parce que dans notre société, il est mis à l'écart, et souvent déconnecté de la réalité. C'est le groupe qui commande et impose ses valeurs et ses règles. J'essaye de donner une voix à cet individu, à travers mes écrits, afin qu'il puisse exister et avoir sa propres lecture de la vie, de la religion et toutes les choses qui l'entourent. Bien sûr, je ne peux pas parler au nom de cette littérature, puisqu'il existe des dizaines de romanciers qui ont des expériences différentes les unes des autres. Des lectures que je fais, je trouve que les travaux littéraires de Samir Kacimi proposent un nouveau réalisme, quand il parle de prison ou de suicide. La prise de position chez Fadéla Farouk, proche de sa société et traitant de la thématique des femmes sous domination d'une société patriarcale. Je peux aussi citer Amara Lakhous qui propose des romans totalement différents, puisqu'il réside en Italie, il est confronté aux tiraillements entre l'Orient et l'Occident. Les expériences des écrivains de la génération d'Amin Zaoui, par exemple, donnent une lecture critique de l'héritage culturel et exposent les tabous de la société dans laquelle nous vivons.

– En quoi le tumulte des révolutions dans le Monde arabe a-t-il influencé la littérature ?

Ce que nous avons vécu dans les années 1990 a eu un impact significatif sur le roman algérien, on trouve des centaines de livres écrits sur cette période, mais nous nous sentons dans l'échec, car nous n'avons pas réussi à construire une réelle démocratie. Pourtant, nous avons été les premiers à sentir le souffle contestataire, bien avant les événements dans le Monde arabe. Nous craignons que le rêve de la démocratie se transforme en cauchemar de la guerre civile. Dans une rencontre littéraire à Abu Dhabi, j'ai souligné que la littérature n'a pas influencé les révolutions, car nous n'avons pas un grand lectorat dans le Monde arabe. Il faut du temps pour comprendre et exprimer tout ce que cette puissante explosion a fait subir à nos sociétés. La plupart des écrivains sont ulcérés de voir la victoire des islamistes dans certains pays, la liberté de créer est en danger et nous en sommes conscients.

– Selon vous, un auteur arabophone se censure-t-il plus qu'un auteur francophone ?

Tout à fait. Ceci revient surtout au niveau culturel de la société dans laquelle nous évoluons, et aussi au degré de tolérance. Lors d'une conférence, j'ai pu donner un exemple concret : si on emploie dans un roman le mot «putain», il passerait normalement aux yeux des lecteurs, si on l'utilise dans un écrit en arabe, tout le monde verrait en cela une provocation. Il est évident que certains veulent que la langue arabe soit dominée par les courants religieux. Il est vrai que c'est la langue du Saint Coran, pourtant les poèmes du mystique Abou Nawas lui confèrent une grande ouverture et modernité. Aujourd'hui, les musulmans se sentent faibles, et cela se reflète dans leurs tentatives de transformer et déformer, notamment la langue arabe. L'écrivain arabophone, à la rigueur, résiste et écrit avec beaucoup de liberté, mais beaucoup payent le prix de cette audace. Le fait de ne pas avoir une grande visibilité et aussi d'avoir vécu des décennies dans l'obscurantisme, nous n'avons pas pu nous imposer convenablement à la censure. Nous refusons l'autorité du religieux sur l'écrivain ou le journaliste.


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