Ghania Houadria, directrice générale d'Algérie Poste, a animé hier une conférence-débat au centre de presse d'El Moudjahid où elle a développé les principaux axes de la stratégie mise en place dans le cadre de l'amélioration de la qualité de service. Le grand défi de cette entreprise est de transformer un organisme gouvernemental en une entreprise commerciale, de la doter de ressources appropriées pour devenir efficace et rentable, d'améliorer son image de marque et surtout de reconquérir la confiance des clients. Parmi les projets qui semblent avancés figure la monétique. La première transaction de paiement est prévue le 1er mars prochain mais, précise la directrice générale, il s'agit d'une « opération pilote technique qui permettra d'évaluer notre système. 200 nouveaux distributeurs de billets de banque seront déployés au profit d'un million de porteurs pour le démarrage. Il sera procédé aussi à la mise à la disposition des grandes surfaces et commerçants de 100 terminaux de paiement électronique (TPE) permettant aux clients détenteurs de carte de paiement CCP d'effectuer des achats en s'acquittant des factures électroniquement ». Cela entre dans le cadre de la concrétisation du programme gouvernemental de modernisation du système de paiement de masse. Algérie Poste fait partie du comité de pilotage de ce projet au même titre que les banques. Il permettra également de désengorger les établissements, de contribuer au système de paiement de masse électronique, de multiplier les points de contact avec la clientèle et de réduire le flux de la monnaie fiduciaire. Plusieurs nouvelles prestations ont été annoncées. Après avoir « scanné » les modèles de signature de 7 millions de titulaires de compte CCP, il est possible pour le guichetier de visualiser la signature du client à partir de n'importe quel bureau de poste connecté au réseau informatique. La contrainte du retrait ne pouvant dépasser 20 000 DA est levée. Toutefois, pour les sommes supérieures à 200 000 DA, le client est tenu de prévenir le receveur 24 heures à l'avance. Outre la gestion informatique du courrier, 500 caisses automatiques sont en voie d'être installées dans les bureaux de poste. Elles permettront un comptage rapide et exact des billets de banque. L'enveloppe financière allouée à cette opération est de 640 millions de dinars. La messagerie électronique est aussi en projet : 500 000 seront mises à la disposition du public. La borne multimédia (cyberpost) permettra un accès à Internet à partir des bureaux de poste. Algérie Poste a réalisé des résultats satisfaisants malgré un environnement de plus en plus difficile. Néanmoins et afin de permettre au secteur postal de jouer pleinement son rôle d'accompagnateur du développement économique et social du pays, des améliorations restent à apporter. Ghania Houadria exclut actuellement la bancarisation car « il faut avoir des moyens sur le plan financier et matériel et la poste n'est pas encore préparée. L'argent manipulé et collecté appartient au Trésor. Cependant, nous pouvons prévoir ce scénario d'ici à 4 ou 5 ans ». Concernant le bilan comptable, elle affirme qu'à partir « de janvier 2003, l'entreprise est passée à une comptabilité commerciale et le bilan a été très négatif, mais un équilibre est attendu pour 2004-2005 ». Algérie Poste a tenu à prendre en considération deux facteurs : le marché et ses tendances en recomposition permanente à l'heure de la mondialisation et le développement fulgurant des technologies de l'information et de la communication. La transformation de la poste, même si elle est moins médiatisée que celle des télécommunications, restera certainement un sujet de débat dans le proche avenir. Les stratégies doivent tenir compte de la situation économique, de l'ancien mode de gestion et de l'évolution du marché.