Après l'enquête déclenchée juste après le drame explosion de gaz du 26 décembre 2004 dans un immeuble à Guelma ayant provoqué 14 morts et 28 blessés , 14 personnes, selon des sources judiciaires, ont été présentées dimanche dernier au parquet de Guelma. 13 ont été écrouées, et une, le directeur général de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de Guelma, mise sous contrôle judiciaire. L'audience des mis en cause a duré plus de treize heures et s'est achevée tard dans la nuit de dimanche à lundi. Parmi les personnes incarcérées, il y a lieu de citer plusieurs responsables de Sonelgaz : le directeur de Sonelgaz de la wilaya de Guelma, relevé, il y a peu, de ses fonctions, deux chefs de district, deux chefs de service, deux contrôleurs de travaux ainsi que trois agents (deux électriciens et un gazier). Au niveau de l'OPGI : deux responsables, en l'occurrence deux chefs de service. Le dernier auditionné est un entrepreneur. Selon ces mêmes sources, une quinzième personne (ancienne employée de Sonelgaz et exerçant actuellement une profession libérale), inculpée, fait toujours l'objet d'une instruction. D'autres personnes seront éventuellement mises en examen dans les jours à venir. Les 14 personnes en question sont poursuivies pour les chefs d'inculpation suivants : « homicides involontaires, blessures involontaires, dégradations involontaires de biens publics et privés ». Des griefs ont été retenus à l'encontre des responsables de Sonelgaz et de l'OPGI : colmatage des bouches d'aération du vide sanitaire, insalubrité, négligence ou non-prise en charge de cette fuite de gaz... Hier, à la direction de Sonelgaz, l'émotion était à son paroxysme. Une assemblée générale devait s'y tenir, regroupant les syndicalistes et présidée par les responsables de la Fédération des industries gazières et électriques (UGTA). Après l'affaire du Béchar de la CNAN, la justice semble décidée à traiter ce dossier et à le mener à son terme. Ainsi, comme l'avait déclaré le président de la République lors de la présentation de ses condoléances aux familles victimes de l'explosion de gaz et comme l'avait rappelé la délégation gouvernementale composée de trois ministres lors de l'inhumation des 14 victimes, une enquête judiciaire avait été ouverte juste après ce drame et a donc abouti à la détention préventive de 13 personnes. Comme nous l'écrivions dans une précédente livraison, des dizaines de personnes ont été entendues par la police judiciaire de Guelma, des responsables de Sonelgaz et d'autres administrations et entreprises. L'on a même auditionné des responsables ayant travaillé dans des entreprises, qui avaient été dissoutes, et d'autres mis à la retraite depuis longtemps. Rappelons que le 26 décembre 2004, vers 7h45, une explosion d'une rare violence avait fait voler en éclats tout le rez-de-chaussée de l'immeuble n°20 B, de cinq étages, faisant partie du grand ensemble Aïn Defla (ex-Fougerolles) de l'OPGI, sur les hauteurs de la ville de Guelma. Les murs en préfabriqué du rez-de-chaussée comprenant quatre logements, soit quatre familles, avaient été carrément arrachés ou réduits en miettes tant le souffle de cette déflagration était puissant. 14 personnes y ont péri. Habitant au 1er étage, N. Nacer, victime, et peu de temps après, raconte : « Vers 2h30 du matin, j'ai été surpris par les vibrations anormales du réfrigérateur et par le fait que la lumière baissait puis augmentait. Bien vite, j'ai débranché le réfrigérateur et puis coupé le courant électrique dans tout l'appartement, puis je suis sorti. Au rez-de-chaussée, les membres de la famille Fadhel - que Dieu ait leur âme -, qui eux aussi avaient remarqué le même phénomène au niveau de leurs appareils électroménagers, ont attiré mon attention sur la fumée qui sortait d'une bouche d'aération du vide sanitaire, au bas de la façade droite de l'entrée de l'immeuble, car les autres sont colmatées, et aussi au niveau du toit de l'immeuble, précisément l'ouverture de la colonne montante. Nous avons ouvert la trappe donnant sur le vide sanitaire et une fumée asphyxiante s'en dégageait de sorte que nous l'avons refermée. Je me suis dit qu'un fil électrique était en train de brûler. Aussitôt, nous avons essayé de faire évacuer tous les locataires. Presque tous ont déserté l'immeuble. Entre-temps, nous avons alerté les services de Sonelgaz, les sapeurs-pompiers et les services de police. Après l'arrivée des éléments de la Protection civile, un officier de police est venu s'enquérir de la situation. Il était sur le point d'aller alerter les services de Sonelgaz quand un agent s'est présenté. Il n'avait pas de matériel. Nous avons dû nous servir de la hache de secours afin d'ouvrir les armoires d'électricité et de gaz. L'agent a coupé l'électricité alimentant l'immeuble puis, comme nous ne savions pas exactement ce qui brûlait, il a fermé la vanne alimentant l'immeuble en gaz. » Selon cet habitant ayant échappé à la mort in extremis, qui avait déjà donné sa version des faits, « comme la chose le dépassait, cet agent aurait dû alerter ses responsables ». Selon lui et d'autres habitants, l'erreur est là, car si l'immeuble avait été isolé, le vide sanitaire, plein de vase, ne l'avait pas été, et la fuite persistait. Cela avait engendré une pression suivie d'une explosion.