En effet, dans un communiqué rendu public quelques jours après la rencontre de Sebha, où près de 300 combattants du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) auraient décidé de déposer les armes, les Touareg maliens ont démenti « les allégations faisant état de la présence du chef du Mouvement du nord du Mali pour le changement (ATNMC), Ibrahim Ag Bahanga, qui aurait déposé les armes au sud libyen ». Selon le communiqué signé par Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole chargé des relations extérieures, Ag Bahanga a quitté ses bases dans le nord du Mali, début octobre 2009, à la suite « d'une invitation » qui lui a été adressée par « des officiels libyens » chargés du dossier touareg et du directoire du Mouvement nigérien « pour assister à la cérémonie de remise des armes par le MNJ, les 6 et 7 octobre 2009 à Sebha, au sud de la Libye ». Le Mouvement pour le changement précise que « la remise des armes ne concerne que le MNJ et lui a permis de reprendre les négociations avec Niamey, le 10 octobre dernier, sous médiation libyenne ». Le porte-parole affirme par ailleurs qu'aucune réconciliation et ni aucun développement « ne sont possibles au nord du Mali, si les autorités maliennes n'engagent pas des négociations politiques avec le Mouvement représenté par Ibrahim Ag Bahanga, les cadres politiques et les quelques centaines de combattants targuis armés ». Néanmoins, le Mouvement ne semble pas convaincu de la disponibilité des autorités maliennes à résoudre le problème du Nord, parce que, selon lui, « elles sont trop occupées à tenir des rencontres directes avec les deux groupes salafistes d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) installés au nord-ouest du Mali, où ils se sont réfugiés et où ils s'approvisionnent ». Ces deux groupes, faut-il le préciser, sont ceux de Belmokhtar et de Abou Zeid, les deux « frères ennemis » qui se disputent un terrain acquis depuis des années. Un terrain où ils bénéficient de soutien, d'aide logistique, mais aussi de la passivité des autorités face à leurs agissements, au point où certains n'hésitent pas à le comparer au Waziristân qui menace la sécurité régionale et extrarégionale. Pour les Touareg maliens, Amadou Toumani Touré (ATT) « tente de détourner l'attention de la communauté internationale de la problématique targuie » au moment où « le Mouvement, à travers son chef, Brahim Ag Bahanga, et des cadres politiques ont renouvelé aux autorités maliennes leur constante disponibilité à dialoguer pour trouver une issue pacifique aux différends qui les opposent. (…) Mieux encore, durant les mois de juillet, août et septembre derniers, des médiateurs extérieurs et des facilitateurs nationaux ont vu à nouveau leurs initiatives de paix rejetées par les autorités de Bamako ». Face à cette situation, les Touareg interpellent les partenaires techniques et financiers du Mali, l'Union européenne, le représentant spécial de l'ONU à Dakar, l'Algérie (en tant que cosignataire de l'accord-cadre de juillet 2006) et les met à témoin en affirmant : « Si les autorités centrales maliennes continuent à refuser d'engager prochainement des discussions politiques sérieuses demandées par le Mouvement, représenté par Ibrahim Ag Bahanga, et les cadres politiques et militaires, on pourrait en conclure qu'elles incitent et invitent à une nouvelle escalade militaire. » Ce communiqué intervient juste après l'annonce en grande pompe de la cérémonie de dépôt des armes des tribus touareg du Niger et du Mali à laquelle les autorités libyennes ont invité Ibrahim Bahanga et Ghali Alambo (président destitué du MNJ), Bejn Hemto et Ahmed Ag Abibi (membres du Parlement malien, auparavant porte-parole des forces de l'Alliance du nord du Mali. L'invitation de toutes ces personnalités par le régime libyen répond visiblement au souci de donner à la cérémonie un cachet officiel qui implique toutes les tribus touareg da la région nord du Mali et du Niger. Ce qui a mis dans l'embarras non seulement le Mouvement du nord du Mali, mais également des factions de rebelles nigériens.