Depuis février dernier, l'armée nigérienne et les rebelles touareg s'accusent mutuellement d'avoir posé des mines antichar et antipersonnel dans la zone de conflit. Ça devient de plus en plus chaud à la frontière sud algérienne. Encore des morts. «Quatre gendarmes nigériens ont été tués et trois blessés, lundi soir, lorsque leur véhicule a sauté sur une mine dans la périphérie d'Agadez, dans le nord du Niger», a indiqué hier, une source militaire nigérienne. Cet incident s'inscrit dans le sillage du conflit qui oppose les rebelles touareg du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice) au gouvernement central de Niamey. Néanmoins, les Touareg rebelles s'en lavent les mains et refusent d'être impliqués dans l'incident. Dans un communiqué diffusé hier, le MNJ estime que «les militaires nigériens ont été victimes de leurs propres pièges». Explications: «Ayant posé des milliers de mines disséminées à travers le paysage nord de notre pays, ils n'ont (les militaires nigériens) pu éviter de sauter sur l'une d'entre elles aux alentours d'Agadez, à Inbakatan», lit-on dans le communiqué du MNJ, rendu public quelques heures seulement après l'incident. Bon gré, mal gré, cet épisode d'un conflit troublant la stabilité de la région ne fait qu'envenimer la situation qui devient, au fil du temps de plus en plus complexe. En tout cas, depuis février dernier, l'armée nigérienne et les rebelles touareg s'accusent mutuellement d'avoir posé des mines antichar et antipersonnel dans la zone de conflit, c'est-à-dire au nord du Niger et près de la frontière algérienne. On avait tendance à l'appeler la zone du conflit. Le dernier communiqué du MNJ apporte la énième accusation contre l'armée nigérienne. Le MNJ précise que «cette pose de mines est devenue la seule tactique de défense des militaires qui, par ce même acte, mettent en danger les civils et eux-mêmes, comme ce fut le cas aujourd'hui». Les rebelles touareg ne comptent pas abandonner les hostilités. Lors d'un dernier assaut au moins deux civils ont été tués, il y a de cela presque deux semaines, lorsque les rebelles armés du MNJ ont perpétré deux attaques à Agadez. Les victimes de cet énième incident faisaient partie d'une patrouille de la gendarmerie dans la ville d'Agadez et sa périphérie, où les mesures de sécurité ont été renforcées depuis «la dernière attaque à la roquette menée contre la ville par les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ)». Au lendemain de cette attaque, le MNJ a refusé toute offre de dialogue et a annoncé qu'il s'oppose à toute forme «d'ingérence» des pays amis du Niger. Allusion faite à la demande d'une médiation algérienne faite par les autorités nigériennes, car il n'est secret pour personne que la visite, à Alger, de l'émissaire du président nigérien avait comme message la demande d'une médiation algérienne. Chose à laquelle les Touareg rebelles du MNJ se sont opposés avec la dernière énergie. «Le MNJ attire l'attention des pays amis du Niger de ne pas s'immiscer dans la politique intérieure du pays, à défaut de prôner la paix», lit-on dans un communiqué signé par le MNJ. Le refus de médiation et du dialogue risque de faire durer plus longtemps encore le bruit des armes, et mettre, par ricochet, la région du Sahel et du Sahara au bord d'une interminable tempête. Onze militaires au total ont déjà été tués dans des explosions de mines en exactement deux mois, selon des sources officielles nigériennes. Le 1er août dernier, quatre soldats avaient été tués dans le nord du Niger, théâtre d'affrontements entre l'armée et les rebelles touareg. Le 20 juillet, l'armée nigérienne avait annoncé encore la mort de trois soldats dans des circonstances à peu près similaires près des montagnes de l'Aïr, fief des rebelles touareg. Le conflit a en tout cas mal tourné en l'absence d'une volonté des deux parties de trouver une issue à la crise. La cause des rebelles touareg nigériens est similaire à celle des Touareg du nord du Mali (Kidal) qui avaient usé eux aussi des armes contre le gouvernement central du Mali. Le MNJ, lit-on dans un précédent communiqué, réclame «une juste et équitable répartition des retombées des ressources du sous-sol nigérien». La paix est-elle encore si loin?