Un problème qui a été affronté, pour la première fois de façon aussi concrète par une pléiade de chercheurs et spécialistes algériens et étrangers reconnus dans le traitement et la prise en charge des conduites suicidaires. Oran a été choisie pour accueillir le 6ème congrès de la Société franco-algérienne de psychiatrie (SFAP) qui s'est tenu au Sheraton d'Oran les 9 et 10 novembre. Un colloque qui avait pour le thème Neuro-psychopharmacologique «Suicide, addiction, santé et population», et qui était sous le parrainage de la société médico-psychologique algérienne et l'Association de psychiatres d'Oran et la faculté de médecine d'Oran. Le choix de la ville d'Oran n'est pas anodin. En 2010, la wilaya a enregistré une moyenne de 6 tentatives de suicide par jour (d'après les centres hospitaliers). Un problème qui a été affronté, pour la première fois de façon aussi concrète par une pléiade de chercheurs et spécialistes algériens et étrangers reconnus dans le traitement et la prise en charge des conduites suicidaires et des addictions, et cela, afin d'élaborer les premiers réflexes que les cliniciens, médecins, pharmaciens et analogues doivent avoir afin de détecter les troubles potentiels, orienter les récidivistes et pouvoir ainsi instaurer une véritable politique de santé publique. Durant ces deux jours de vifs débats, aucun point n'a été laissé pour compte. Après le discours du président d'honneur et doyen de la faculté de médecine d'Oran et les deux conférences d'ouverture des coprésidents du congrès, les Professeurs P. Courtet (Montpellier) et M.Tedjiza (Alger) ont abordé les thèmes du point de vue génétique jusqu'au point de vue clinique plus palpable. Le Pr. Alain Malafosse (Genève) a abordé donc le suicide par son profil génétique et épigénétique suivi d'une approche endophénotypique des addictions par Dr Yann Le Strat (Colombes). Il s'ensuivra le profil clinique et épidémiologique des cas de suicide dans la wilaya de Tizi-Ouzou durant la période 2007-2012 par des conférenciers algériens. Suivis, après une pause, par des conférences plus sociales sur l'alcoolisme conjugué à la violence domestique, la famille comme bouclier protecteur contre la toxicomanie des adolescents, les tentatives de suicide chez les enfants et un plaidoyer pour une double prise en charge psychiatrique et psychologique du suicidant. D'autres analyses ont trait à des cas passés et des risques à venir, que ce soit dans les milieux carcéraux ou dans les écoles et même parfois sous des thèmes qui semblent, à première vue, se trouver hors de notre territoire démographique et culturel tel que l'intervention du genre dans la santé mentale dans le cas des immigrés chinois à Paris, un sujet dont l'extrapolation à notre société n'est pas impossible. A la fin de la journée, une vingtaine de personnes qui se seront inscrites profiteront de deux formations : repérage de la crise suicidaire par Pr J-L. Terra (Lyon) et épidémiologie du cannabis et prise en charge par Dr A. Benyamina (Villejuif) suivi par un troisième atelier le lendemain matin, traitant des fumeurs comme des sujets à risque au suicide, avant d'entamer un autre marathon de débats encore plus riche. L'audience sera particulièrement marquée après ces deux jours par l'impact, jusque-là insoupçonné, qu'aura eu l'immolation du Tunisien Bouazizi sur le comportement suicidaire dans le monde maghrébin. Un suicide qui aura eu un réel effet d'épidémie, suspectée d'être à l'origine de bon nombre de suicides en Algérie, et ceci, malgré les maigres statistiques connues pour être loin de la vérité, car, contrairement à ce qu'on pense, l'addiction et le suicide ne sont pas des pratiques naissantes en Algérie.