La Société franco-algérienne de psychiatrie (SFAP) tiendra, les 9 et 10 novembre à Oran, son 6e congrès qui aura pour thème “Suicide, addiction, santé et population". Organisé en partenariat avec la Société médico-psychologique algérienne et l'Association française de psychiatrie, avec le soutien de la faculté de médecine d'Oran, ce congrès va rassembler une pléiade de spécialistes reconnus dans “la prise en charge et le traitement des conduites suicidaires et des addictions qui sont des problèmes de santé publique". Dr Taleb Mohammed, membre du comité d'organisation, explique pour “Liberté", à la veille de l'ouverture des travaux, que la réunion de ces deux thèmes “suicide et addiction" n'est pas fortuite. “Les deux, suicide et addiction, sont des problèmes de santé publique, que ce soit en France ou en Algérie, mais surtout les deux ont des causes, des facteurs communs, et on ne peut pas traiter l'un sans l'autre", explique notre interlocuteur, qui voit ainsi une raison d'échanger entre les professionnels algériens et français, même si les pays restent très différents face aux conduites suicidaires et à l'addiction aux drogues dures de par leur ampleur. L'apparition du suicide en Algérie, qui est considérée comme une préoccupation de santé publique, est récente. Il reste encore difficile d'en évaluer l'ampleur (seule une cinquantaine de pays dans le monde disposent de chiffres fiables), alors qu'en France on compte plus de 10 500 morts par an par suicide. De nombreuses hypothèses ont été développées pour expliquer le phénomène en Algérie, mais aucune n'est entièrement satisfaisante, selon les initiateurs de cette manifestation. Beaucoup de recherches demeurent encore nécessaires, avec la nécessité de la mise en place d'équipes pluridisciplinaires de recherche en suicidologie. Les initiateurs mettent également l'accent sur la nécessité de créer un observatoire national du suicide, qui se fait de plus en plus pressante. En effet, pour trancher l'augmentation ou non des suicides qui oppose nombre d'observateurs ou encore le degré d'addiction de la population aux drogues, il est indispensable de passer par une véritable enquête épidémiologique à l'échelle nationale. C'est là une étape scientifique indispensable, estime notre interlocuteur qui poursuit en disant qu'en l'état, et “à cause de l'absence de données fiables, personne ne peut dire s'il y a augmentation des suicides en Algérie, et pour établir une vraie politique de prévention il faut une étude épidémiologique". D'où la demande des spécialistes algériens lors de ce congrès de créer un observatoire national du suicide en Algérie. Les spécialistes s'inquiètent du phénomène des drogues et des addictions qui ne cesse d'augmenter en Algérie concernant des produits qui, jusque-là, relevaient d'un usage marginal. La cocaïne, l'héroïne et le crack sont en effet les nouvelles substances dangereuses que les narcotrafiquants tentent d'introduire sur le marché algérien. Le phénomène semble toucher aussi les femmes. Selon les services de la Gendarmerie nationale, certaines tranches d'âges et certaines professions sont impliquées dans les affaires de trafic de stupéfiants. Elles concernent notamment les plus de 40 ans en plus de celles des moins jeunes et des catégories sociales, telles que les salariés, les étudiants et les professions libérales. D. LOUKIL / K. REGUIEG-ISSAAD