Connaissez-vous Michaïl Khodorkovski ? Michaïl Khodorkovski n'est pas écrivain. Il n'est pas non plus un danseur. A 46 ans, il est l'un des rares hommes d'affaires, en concurrence avec l'Américain Bernard Maddof, qui durant ce XXIe siècle, est passé, en un éclair, du statut d'archi-milliardaire à celui de délinquant sans le sou. Il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion. Accusé par la justice russe d'avoir volé 350 millions de tonnes de pétrole en 1998 et 2003, Michaïl Khodorkovski, ancien PDG d'Ioukos, compagnie pétrolière russe, est en procès depuis février 2009. Jugé et condamné une première fois en 2005 à 8 ans de prison pour fraude fiscale, Khodorkovski encourt aujourd'hui jusqu'à 20 ans de réclusion. Embastillé dans un bagne au fin fond de la Sibérie à la frontière chinoise, l'homme continue de clamer son innocence. Au début des années 2000, Khodorkovski dirigeait Ioukos, la Sonatrach russe en quelque sorte, qui pesait 15 milliards de dollars. Loin d'être un‘‘beggar”version russe, Mickaïl est un homme cultivé, intelligent et distingué. Parce qu'il avai, sans doute, un peu trop cru à l'ouverture démocratique prônée par l'ancien président Vladmir Poutine, aujourd'hui Premier ministre, il a pris la décision d'apporter sa contribution à des responsables de l'opposition russe en leur signant des chèques de plusieurs millions de dollars. Mal lui en prit. Pour Poutine, ex-colonel du KGB, Khodorkovski devenait ainsi une menace aussi bien pour ses intérêts que pour ceux de son clan. Pour l'abattre, on lui constitua alors un dossier de fraude fiscale dans la plus pure tradition stalinienne. Le 25 octobre 2003, le PDG d'Ioukos est arrêté et traduit devant les tribunaux. Tandis que la justice instruisait son affaire et que l'ex-magnat du pétrole et du gaz croupissait dans un cachot sibérien dans un total isolement, son empire est démantelé, dépecé avant d'être cédé au groupe public Rosneft, dirigé par Igor Setchine, actuellement vice-Premier ministre chargé de l'Energie. Premier procès en 2005, première condamnation à 8 ans de prison. Alors qu'il était en attente d'une libération pour l'année 2011, Mickaïl est à nouveau inculpé par la justice de son pays. Cette-fois ci, l'accusation est beaucoup plus lourde : « Détournement de biens », « détournement de fonds » et « opérations financières illégales ». En un mot, les juges lui reprochent d'avoir détourné 25 milliards de dollars. Ses avocats ont beau crier au scandale, à la cabale judiciaire, rien n'y fait. La farce judiciaire est tellement grosse que le président russe, Dmitri Medvedev, s'est laissé aller récemment à un commentaire qui en dit long sur les intentions du Kremlin, de vouloir le laisser croupir dans son goulag. « Regardez les affaires judiciaires dans d'autres pays. C'est très sérieux. Certains hommes d'affaires sont condamnés à des peines très lourdes, 150 ans aux Etats-Unis », a-t-il déclaré dans une interview donnée en juillet. Oui, sauf que la Russie n'est pas l'Amérique…