En France aussi le parcours épique du onze algérien est suivi avec fougue par la communauté algérienne l Une victoire au Caire est attendue avec impatience et celle contre le Rwanda, le 11 octobre, a été marquée par des manifestations de joie intense dans les rues des villes, mais aussi par des débordements, avec quelque inquiétude pour la troisième mi-temps du 14 novembre. Lyon De notre correspondant Si l'Algérie se qualifie le 14 novembre prochain après son match contre l'Egypte, quelles répercussions cela aura-t-il en France ? La question mérite d'être anticipée après la folle soirée vécue lors de la victoire contre le Rwanda. Pour quelques supporters trop bruyants, cette victoire aura coûté 45 euros. C'est le cas dans les Yvelines, à Mantes-la-jolie précisément, où une dizaine de supporters ont eu, il y a quelques jours, une amende de 45 euros pour « émission de bruit gênant les usagers de la route ou les riverains ». A ce sujet, le journal Le Parisien précise que des agents de police, prévenus par des voisins excédés, ont noté les numéros des voitures avant d'adresser les PV à leurs propriétaires. On imagine l'émoi de ces Algériens déconfis. Si c'était la joie française, aucun PV n'aurait été adressé. Certes, dans ce cas des Yvelines, on aura eu raison, mais à lire la presse régionale, d'une région à l'autre du pays, on se dit que la joie est parfois détournée par des voyous de son objet légitime par des actes répréhensibles. Ainsi à Marseille sept personnes ont été interpellées et six policiers ont été blessés. Environ 3000 personnes étaient venues sur le Vieux-Port. « Malheureusement, des échauffourées ont éclaté (jets de bouteilles, vitrines de magasins et abribus saccagés) entre pseudo-supporters et CRS » écrit le journal 20 Minutes. Le reporter de La Provence estime pourtant que « la « nuit avait bien commencé pour la communauté algérienne de Marseille. Même les mamans et leurs enfants sont descendus dans la rue, grimés aux couleurs algériennes. La victoire est belle. Elle rassemble, elle unit, dans la moiteur de la nuit phocéenne ». « Malheureusement, continue le journaliste, une minorité de pseudo-supporters a dérapé, certains improvisant un jet de tessons sur le Vieux-Port, d'autres lançant des scooters à pleine vitesse à frôler la foule, mais aussi une pluie de projectiles et des poubelles en travers de la route, à la vue des forces de l'ordre. Du coup, vers 23h 30, de nombreux CRS ont investi la Canebière, ce qui fait déraper on s'en doute le Front national qui conclut à sa façon l'événement. Et tout ça fait d'excellents Français… ». A Caen, en Normandie, tout va bien. Le journal Ouest France rapporte la joie d'une « cinquantaine de véhicules avec à bord des supporters algériens enthousiastes. Une centaine d'entre eux s'est rassemblée sur la place dans une ambiance très festive. Avec drapeau algérien ! ». A Alès, dans le Gard, le Midi Libre titre que « la victoire en foot de l'Algérie tourne à l'aigre ». « Le cortège a parfois pris un ton agressif. Certains véhicules sont passés devant le commissariat en narguant les policiers. Les voitures ont sillonné le centre-ville avant que la situation ne dégénère. Plusieurs incidents se sont produits avec, entre autres, l'incendie de nombreux containers (…). Devant cette situation, la police s'est équipée en tenue de maintien de l'ordre, avec des casques. A plusieurs reprises, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des troubles ont également éclaté à Nîmes ». Et bien sûr à Paris où « Barbès s'embrase pour l'Algérie » : « Dimanche, après la victoire de l'Algérie (3-1), le boulevard de la Chapelle et le boulevard Barbès ont été envahis, perturbant considérablement la circulation dans l'après-midi et jusqu'au milieu de la nuit ». Et à Lyon, « la victoire de l'équipe de football algérienne fêtée un peu bruyamment « écrit Le Progrès : « Tout le cours Gambetta (7e) a été bloqué par des centaines de voitures. Concert de klaxons, cris, fumigènes, danse au milieu de la rue, les habitants n'ont pas vraiment apprécié le vacarme qui a duré jusqu'à 2 h. Mis à part le bruit, aucune violence ni casse à constater. Même cas de figure dans d'autres communes de l'agglomération, comme à Saint-Priest où des feux d'artifice ont été allumés ». Enfin, c'est à Roubaix que des débordements ont eu lieu dans le centre, après le match Algérie-Rwanda : « Une trentaine de casseurs se sont mêlés aux 300 supporters dans le centre-ville. Bilan : un institut de beauté vidé de ses produits et 80 policiers pour rétablir l'ordre », écrit Nord-Eclair : « Les véhicules roulant à vive allure ont contraint les forces de police à bloquer certaines rues, histoire d'éviter que le centre-ville ne devienne un circuit de formule 1 ». Les commerçants excédés : « C'est de pire en pire, s'insurge Marie, commerçante sur la Grand-Place depuis 1995. Quand c'est pas le football, ce sont les mariages. On n'a rien contre les klaxons, mais faut pas qu'il y ait de casse ». Le conseil municipal UMP a demandé au procureur de la République que des poursuites judiciaires soient engagées avec la plus extrême sévérité. La député européenne et conseillère municipale FN d'Hénin-Beaumont, Marine Le Pen, est venue à Roubaix, attisant le feu : « Dans l'affaire de Roubaix, il y a bien l'utilisation d'une nationalité de confrontation qui n'est pas la nationalité française ». Mélangeant les genres, comme à l'habitude, elle ajoute, selon La Voix du Nord : « La carte de la délinquance et celle de l'immigration se superposent ». Et dire qu'il ne s'agissait que de foot et de joie à voir son équipe gagner !