Jusque-là tout va bien et dans le paysage audiovisuel algérien, fermé comme une fausse vierge qui veut faire croire à son imbécile de mari qu'il est le premier, c'est une bonne nouvelle ; une chaîne de télévision privée algérienne vient de naître, sans douleur ni complication postopératoire. Algérie Première, c'est son nom, est dirigée par un jeune Algérien et diffusera des programmes destinés avant tout à la jeunesse. Tout le monde applaudit à l'événement et à ce timide déverrouillage de l'écran total national tout en espérant de nombreux enfants en couleur pour la maman. Pourtant, si même les responsables de l'audiovisuel algérien se sont félicités publiquement de cette naissance, on apprend aussitôt que la chaîne sera basée au Luxembourg et ses programmes diffusés par une chaîne française inconnue, La Locale. Ce n'est donc déjà plus une chaîne algérienne privée puisqu'elle est de droit luxembourgeois et sera diffusée à partir de France. Mais alors en quoi l'Algérie est concernée ? C'est que étrangement, pour monter sa chaîne, Algérie Première a déposé un dossier Ansej et reçu près de 1 milliard de cet organisme, qui a servi à acheter du matériel. Il y a là un problème ; on peut déposer un dossier en Algérie pour monter un projet au Luxembourg. On peut prendre de l'argent à Alger pour créer des emplois en Europe. Cette générosité des organismes algériens envers le Luxembourg n'est évidemment pas condamnable puisque des liens historiques très forts unissent les deux pays mais quand on connaît les difficultés pour bénéficier d'un prêt Ansej, on peut se poser des questions. Comme celle-ci : à quand de l'argent du Luxembourg pour monter une chaîne de télévision privée à Alger ? Jamais. En attendant des éclaircissements de l'honorable Ansej, regardons l'ENTV nous insulter avec notre argent et guettons les fausses cartes de Canal Satellite.