Le roi Juan Carlos et la reine Sofia d'Espagne effectueront une visite officielle en Algérie avant la fin de l'année en cours, a indiqué hier une source diplomatique espagnole. Celle-ci pourrait avoir lieu en novembre prochain. La venue du souverain espagnol à Alger est un événement remarquable qui atteste l'importance accordée par l'Espagne à ses relations avec l'Algérie. Les deux pays sont, rappelle-t-on, liés depuis octobre 2002 par un « Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopéEn moins de 3 ans, Alger et Madrid ont développé un niveau d'échanges - élargis aux domaines de la défense et de la sécurité - jamais atteint dans leur histoire. Les performances réalisées par les deux capitales au niveau des échanges économiques et les projets stratégiques engagés par les deux pays dans les domaines pétrolier et gazier témoignent de l'importance des intérêts et de la convergence de vue qui existe entre Alger et Madrid. A ce propos, deux chiffres rendent compte aisément de l'excellence des relations algéro-espagnoles : l'Espagne, qui vient d'investir plus de 2 milliards de dollars dans le projet intégré de Gassi Touil, est le quatrième client de l'Algérie. La visite du couple royal espagnol en Algérie révélerait ainsi le souci du roi Juan Carlos - dont les déplacements officiels à l'étranger sont rares - d'apporter sa contribution personnelle à l'approfondissement des relations bilatérales et de réitérer leur portée stratégique. Le souverain espagnol, qui n'a pas pour habitude d'endosser le costume de diplomate, « trahit » une nouvelle fois son amitié profonde et ancienne pour l'Algérie. Un sentiment qu'il a déjà eu à confier à l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed-Salah Dembri, lors d'une réception organisée en marge des travaux de la Conférence de Barcelone en 1995. La confidence du roi Juan Carlos avait alors valeur, pour tous, de soutien ferme à l'Algérie qui affrontait les groupes terroristes. L'annonce du séjour du roi Juan Carlos et de la reine Sofia en Algérie intervient à moins de 24 heures du voyage que doit effectuer le président Bouteflika à Madrid pour présider, avec son homologue espagnol, José Luis Zapatero, les travaux de la seconde réunion de haut niveau algéro-espagnole. Cette rencontre préparée minutieusement par les gouvernements des deux pays est destinée à fixer de nouveaux horizons à la coopération algéro-espagnole. Le chef de l'Etat sera accompagné, lors de ce voyage d'une journée, des ministres des Affaires étrangères, de la Justice, des Finances, de l'Energie et des Transports. A l'exception de la signature prévue d'un accord d'entraide judiciaire dans les domaines civil et commercial et de la conclusion possible d'un nouvel accord financier entre les deux pays, peu d'éléments ont filtré concernant les différents volets qui seront évoqués lors des discussions. L'on croit savoir, toutefois, que les deux parties sont à un stade avancé dans des négociations portant sur la fourniture par l'Espagne de locomotives diesel et de trains de banlieue à la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). Nos sources évoquent aussi la possibilité d'accords dans d'autres secteurs des transports. Si l'objet de la rencontre Bouteflika-Zapatero apparaît tel un secret bien gardé au bout duquel pourraient être suspendues des surprises, l'on précise par ailleurs que les deux chefs d'Etat disposent d'une marge de manœuvre suffisamment grande pour inclure dans les discussions des domaines de coopération qui ne sont pas au programme. Quelle que soit l'issue des entretiens, une chose paraît néanmoins certaine : le chef de l'Etat, dont la visite sera naturellement ponctuée d'un tête-à-tête avec le roi Juan Carlos, devrait s'employer à persuader ses interlocuteurs d'investir davantage de capitaux en Algérie. Les entreprises espagnoles, qui sont très présentes dans le secteur des hydrocarbures, ont, en effet, un ancrage plutôt modeste dans le reste du champ économique algérien, comparativement aux firmes françaises, italiennes et américaines. Et au nom de l'amitié et des intérêts stratégiques qui unissent l'Algérie et l'Espagne, Bouteflika demandera certainement à Zapatero de ne pas se fixer uniquement sur les 50 milliards de dollars que compte investir le gouvernement algérien pour appuyer la croissance durant les cinq prochaines années.