Alors que bien des mesures incitatives pour améliorer les rendements de la céréaliculture ont été mises en branle par les pouvoirs publics avec des résultats certes probants, même si les statistiques sont «gonflées» de l'avis des professionnels, il est une technique agricole dont l'emploi pourrait démultiplier les récoltes mais qui demeure paradoxalement ignorée à Témouchent. Il s'agit de l'agriculture écologiquement intensive par le biais du semis direct, c'est-à-dire sans passer par un labour au préalable. Renseignements pris, il s'avère que ce type de culture est à l'opposé de tout ce qui a été vulgarisé jusque-là aux fellahs ! En effet, la nécessité de labours profonds n'est plus de mise, celle-ci ayant été de tout temps doctement recommandée de façon que le sol puisse absorber et emmagasiner le maximum d'eau de pluie afin réduire les effets du stress hydrique sur la plante. Ce labour profond, est-il indiqué, doit ensuite être suivi de deux recroisages de façon à recouvrir les sillons et égaliser le sol avant de procéder au semis. Enfin, la cinquième et dernière opération est le désherbage chimique. Mais avec la nouvelle technique, il suffit juste de deux opérations, ce qui se traduit par de substantielles économies en matière d'intrants, de carburants, d'heures de travail et de location de matériels aratoires. On commence par ce qui est en fin de parcours dans la technique classique, c'est-à-dire le désherbage, et on clôt le travail une dizaine de jours plus tard par un semis direct, sans labours, sur le chaume. Cette technique culturale simplifiée ne nécessitant pas un travail du sol fait que ce dernier n'est pas déstructuré. De la sorte, les débris de chaume laissé en l'état l'enrichissent en matière organique. Par ailleurs, la nécessaire activité microbienne est maintenue dans cette couche supérieure qui se trouve être la plus riche du sol. C'est pour cela qu'on appelle encore cette technique d'agriculture de conservation. Cependant, pour la pratiquer, il convient de disposer d'un nouvel engin. Cette machine creuse une échancrure dans le sol qu'elle referme aussitôt après y avoir projeté, grâce à un semoir combiné, tour à tour la semence et l'engrais. Mais alors par quel hasard, le sol va-t-il absorber et stoker les eaux pluviales puisqu'il n'y a pas de labours profonds ? Tout simplement, explique-t-on, par le biais des racines des plantes dont la capillarité favorise l'infiltration des eaux dans le sous-sol. L'autre grande question est de savoir pourquoi cette technique particulièrement adaptée aux zones sèches comme le Témouchentois n'y est pas en vogue ? En fait, lors des campagnes 2009/2010 et 2010/2011, deux expérimentations avaient été engagées par la Direction de l'agriculture (DSA) afin de favoriser l'engouement des céréaliculteurs pour elle. Des expérimentations analogues étaient également menées à travers l'Ouest du pays, de concert avec l'institut technique des grandes cultures de Saïda qui possède l'engin adapté à ce type de culture. Il convient de signaler qu'il pèse 5 tonnes et qu'il coûte excessivement plus cher que tout autre engin aratoire, soit 5 millions de DA. Lorsqu'arrivait le tour de Témouchent pour l'expérimentation, les labours-semailles étaient achevés. On se rabattait sur la culture de pois chiche. Du côté de la chambre de l'agriculture, on se demande pourquoi les sections motoculture des deux CCLS de la wilaya, qui se dotaient depuis trois années d'un parc matériel considérable, n'ont pas fait l'acquisition d'un engin semblable pour promouvoir le semis direct.