Le front social est en ébullition. Plusieurs syndicats autonomes de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de l'administration, notamment le CLA, le Cnapest, le Snapest, l'Unpef, le Satef, le CNES et le Snapap, ont décidé de frapper fort en transformant le mois de novembre en un mois de contestation. Ces organisations syndicales refusent d'attendre la tripartite, dont la date n'a pas encore été fixée, pour exprimer hautement et publiquement leurs doléances. Après moult discussions et une large concertation, l'ensemble des syndicats ont accepté de faire de leur combat une cause commune en faisant converger leur action de protestation qui débutera le 8 novembre prochain. Seulement, quelques syndicats ont préféré observer un débrayage illimité tandis que d'autres ont opté pour une grève d'une semaine renouvelable jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Quant au Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES), il a choisi la date du 15 novembre pour entamer son débrayage de 15 jours. Hier, le bureau national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a qualifié, à l'issue de sa réunion tenue en session extraordinaire, la situation qui prévaut dans le pays de préoccupante et alarmante. Il a, à l'instar des autres syndicats, fortement critiqué la promulgation de l'instruction du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, remettant en cause la rétribution du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008. Une circulaire qui est, selon les représentants des fonctionnaires, en contradiction totale avec l'article n°22 du décret présidentiel n°7-304 du 29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. En outre, le Snapest a soulevé un problème relatif à la mise à mort programmée de l'enseignement technique, constituant pourtant une source de qualification nécessaire pour tout développement économique. Cet état de fait accentuera, selon le syndicat, notre dépendance de l'économie mondiale. Sans aucune exception, les syndicats ont déploré la dégradation continue des conditions socioprofessionnelles des travailleurs du corps enseignant, de l'administration et de l'enseignement supérieur. A cet effet, tous les syndicats revendiquent l'élaboration d'un régime indemnitaire digne avec application de l'effet rétroactif à partir de janvier 2008, comme ils demandent, entre autres, la prise en charge médicale des effets du métier à travers la promotion de la médecine du travail et la classification des différentes maladies professionnelles, la refonte globale du mode de gestion des œuvres sociales à travers sa libération du joug syndical et l'annulation de la décision ministérielle n°94/158, la concrétisation de la retraite après 25 ans de service, la revalorisation des indemnités spécifiques aux enseignants du Sud ainsi que la revalorisation de l'enseignement technique et le rétablissement des enseignants du technique dans leurs droits. Les animateurs de cette grève générale refusent, par ailleurs, toute mesure arbitraire limitant leur droit de grève constitutionnel, y compris la retenue sur les salaires. Pour sa part, le conseil national du CNES s'est réuni également hier et a dénoncé les agissements de certains chefs de département et l'hégémonie de l'administration. « Un membre du bureau national du CNES à Oran est poursuivi en justice, car il a soulevé un problème de dysfonctionnement et la mauvaise gestion qui règne au sein de l'université », a souligné M. Rahmani, porte-parole du syndicat. Ce dernier n'a pas manqué de relever l'acharnement de M. Ouyahia. « La politique du gouvernement, son mutisme et l'absence d'une volonté des pouvoirs politiques à impliquer les partenaires dans une vraie négociation débouchant sur un régime indemnitaire conséquent nous poussent à recourir à une action radicale », notent les syndicats.Par ailleurs, les fonctionnaires de l'administration publique activant sous la coupe du Snapap ont décrié leurs conditions de travail et la dégradation effroyable de leur pouvoir d'achat particulièrement depuis une année.