L'Iran a fini par accepter la proposition de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) portant enrichissement de son uranium à l'étranger. Après tergiversations, les dirigeants iraniens semblent vouloir éviter la confrontation en suivant la démarche tracée par l'AIEA et soutenue par les Occidentaux, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique. Mais l'Iran veut apporter quelques modifications au texte de l'accord signé mercredi dernier à Vienne. Autrement dit, les dirigeants iraniens acceptent le cadre général du projet d'accord mais réclament d'importants changements. Selon un haut responsable iranien, cité hier par la chaîne de télévision satellitaire Al Alam, l'Iran est d'accord pour l'envoi d'une partie de son uranium faiblement enrichi vers la Russie ou la Chine, deux pays alliés de cette République islamique qui maîtrise le processus d'enrichissement. La réponse définitive et officielle du gouvernement iranien devrait être rendue publique incessamment. Pour Bernard Kouchner, qui s'est exprimé du Luxembourg où il participait à une réunion avec ses homologues européens, les « changements importants » demandés par l'Iran ne sont « pas un bon signe ». Le projet d'accord proposé le 21 octobre par l'Agence vise à apaiser les inquiétudes des grandes puissances sur la nature des activités nucléaires iraniennes. Radiations... Les Etats-Unis, la Russie et la France l'ont approuvé vendredi dernier, mais Téhéran a réclamé un délai pour examiner la proposition dans le détail. Le projet d'accord prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1200 kg d'uranium enrichi à moins de 5% pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des « cœurs nucléaires » pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA. Mais plusieurs responsables iraniens ont refusé l'idée de livrer un volume aussi important, sur un stock total proche de 1500 kg. Le secrétaire du conseil de discernement, Mohsen Rezaï, un ancien chef des Gardiens de la révolution, avait ainsi déclaré que Téhéran devait conserver 1100 kg d'uranium enrichi. Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a indiqué lundi dernier que son pays hésitait encore entre deux options : acheter le combustible ou l'obtenir en échange d'une partie de son uranium. En revanche, l'influent député conservateur Mohammad Kosari, membre de la commission des affaires étrangères du Parlement, a vivement critiqué l'accord. Un éventuel rejet de la proposition de l'AIEA ne fera qu'aggraver la suspicion qui pèse déjà lourdement sur l'Iran accusé de vouloir acquérir l'arme atomique. Le groupe des Six – Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Allemagne– a relevé la « nécessité d'une approche unie » sur ce dossier. Alors que Moscou a appelé la communauté internationale à un « maximum de patience », la France exhibe ses « biceps » et menace de recourir « rapidement » à la force. Mis en difficulté en Irak et en Afghanistan, les Etats-Unis ne semblent pas pressés d'ouvrir un nouveau front. Et c'est cette donne que les Iraniens tentent d'exploiter au maximum.