Malgré la pression internationale, Téhéran n'obtempère pas. La République islamique n'a toujours pas donné sa réponse sur le projet d'accord que lui a soumis l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) le 21 octobre dernier. La date butoir fixée au 30 octobre par le groupe des Six (USA, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie et Chine) est dépassée depuis plus d'une semaine. Mais le régime iranien attend pour mieux tâter le terrain et songer aux intentions des uns et des autres. Il appelle ainsi à l'ouverture des négociations pour peaufiner l'accord et éclairer davantage certains points d'ordre technique. Entre-temps, il affirme avoir toujours une seconde option dans le cas où ses remarques ne sont pas prises en compte. C'est en effet le président Mahmoud Ahmadinejad qui l'a signifié vendredi dernier en évoquant une « préférence » pour l'achat du combustible nucléaire dont il a besoin. « Nous avons besoin d'uranium enrichi à 20% pour notre réacteur à Téhéran. Nous avons dit à l'AIEA que nous voulions acheter le combustible », a déclaré le chef de l'Etat iranien dans un entretien accordé à la télévision d'Etat turque TRT et à la chaîne privée d'informations NTV. « L'agence nous a dit que quelques pays étaient prêts à nous vendre ce combustible. Nous discutons avec eux pour l'acheter », a ajouté M. Ahmadinejad. S'il a accepté l'accord de l'AIEA, l'Iran ne l'a encore ni approuvé ni rejeté. Il peut donc aller vers cette deuxième option qui a été mise en avant dès le début des pourparlers sur l'accord. Mais l'option de l'achat ne plaît pas vraiment au groupe des Six qui voulaient par le projet faire sortir de l'Iran plus de 80% de son uranium pour qu'il ne soit pas utilisé « à d'autres fins ». Dans l'œil du cyclone, depuis l'annonce de son programme de « nucléaire civil », l'Iran se méfie, lui aussi, des puissances occidentales et de leurs engagements. Quand l'Iran se méfie de la France Si l'AIEA a obligation de fournir à l'Iran, qui est signataire du TNP, cet uranium enrichi à 19,75% pour son utilisation à des fins pacifiques et cela sans contrepartie, le groupe des Six peut faillir à cet accord et « priver » la République islamique à la fois de son uranium et du combustible nécessaire au fonctionnement de sa centrale de recherche de Téhéran. Cela au nom de la non-prolifération de l'arme atomique. C'est pour cela d'ailleurs que l'Iran n'a pas répondu immédiatement à la proposition de l'AIEA, laissant la porte ouverte à de possibles négociations sur les conditions techniques de cet « échange », mais aussi afin d'obtenir des garanties que son uranium lui serait effectivement bien retourné sous forme de barres de combustible enrichi à 19,75%. La méfiance iranienne des Occidentaux est encore plus remarquable dans la proposition faite par Téhéran de livrer graduellement en plusieurs fois son uranium à un pays tiers pour son enrichissement. Autrement dit, l'Iran refuse de livrer tout son uranium d'un seul coup, exigeant des pays occidentaux un gage de bonne volonté. Nombreux sont les spécialistes qui estiment que l'Iran a plusieurs raisons de ne pas faire confiance aux pays occidentaux dont la France et la Russie. En effet, en juin 1974, la France et l'Iran ont ratifié un accord, par lequel la France s'engageait à fournir cinq réacteurs nucléaires de 1000 MW chacun pour enrichir de l'uranium et aider à la création d'un centre de recherche nucléaire en Iran. Mais les Français n'ont jamais honoré leur engagement. En se basant sur des faits historiques, les Iraniens semblent avoir beaucoup de réticences à mettre leur uranium entre les mains des pays comme la France. D'où cette attente…