La cité Soumari n'était pas restée trop longtemps désaffectée après le relogement en 1989-1990 de ses anciens habitants dans les HLM qui venaient juste d'être réceptionnés à la Cité Sidi Ahmed. Il fallait s'y attendre, avec la menue offre en logement social, qui caractérise la carte de l'habitat dans la commune, par rapport à la demande, un bidonville a spontanément poussé sur le site quelque mois seulement après le départ de ses anciens occupants. Les conditions humaines et sanitaires qui y prévalent n'ont pas été d'un grand changement pour les nouveaux arrivés. Ils ont pratiquement fui une précarité pour se retrouver dans une autre. Face « au silence » des autorités, l'ensemble des habitants dont « beaucoup sont là depuis 17 ou 18 ans » ont décidé de s'organiser en association pour faire bouger les choses. L'association Tafath active depuis deux ans et il n'y a pas une porte à laquelle elle n'a pas frappé, selon M. Lyès Merabet, son président. Les principaux animateurs de l'association ont beau expliqué aux autorités qu'ils ne peuvent être considérés comme des squatteurs « étant donné qu'ils ont occupé les lieux après que la précarité de leur habitat d'origine ait été constatée et consignée dans un rapport officiel ». Mais les solutions ne vont pas au-delà des promesses, doivent-ils déplorer. La situation décrite est inquiétante. La solidité de ces masures en a pris un bon coup sous le travail des inondations et autres infiltrations d'eau à travers les fissurations dans les murs et les toitures de fortune dont beaucoup sont en amiante. Des toitures qui tentent tant bien que mal de résister aux bourrasques par une consolidation de l'assise avec tout simplement de grosses pierres qui ne sont pas sans risque si elles venaient à dégringoler. « Tous les jours nous vivons l'angoisse de nous y voir ensevelis par un tremblement de terre », dira l'un des habitants. L'aération faisant défaut, ajoutée aux infiltrations d'eau, l'air dans les habitations est vicié par une forte humidité. M. Merabet dresse un listing de plusieurs personnes atteintes de maladies respiratoires et de toutes sortes d'allergies. L'extérieur laissé à l'abandon, s'insurge-t-il, est un véritable vivier de rats, de cafards et de serpents. « Nous recourons souvent à des volontariats pour nous débarrasser de ces prédateurs et autres sources de danger pour notre santé et ce avec le peu de moyens dont nous disposons, si ce n'est rien qu'avec nos mains ». D'autres habitants rencontrés nous font part de l'insécurité régnante que constitue l'intrusion de personnes étrangères, « dont la conduite, en matière de mœurs, laisse à désirer ». Il y a donc urgence à intervenir pour humaniser ce conglomérat « hors norme » en intervenant contre les contraintes environnementales et sanitaires citées et, à court terme, procéder au relogement décent de ces habitants. En cela, les gens que nous avons rencontrés « attendent un quota de logements » dans le cas de la concrétisation d'un vieux projet de la commune en contrebas, sur le plateau de la cité Eucalyptus.