Selon le président de l'Association nationale de la filière avicole (ANFA), Mokrane Mezouane, «cette baisse des prix est la conséquence logique de la mise en place massive, l'année dernière, de reproducteurs pour parer à la flambée des prix des viandes blanches ayant atteint, en 2012, les 400 DA le kilo». Aujourd'hui, la filière fait face à un surplus de production estimé à 8 ou 10% de la demande nationale en viandes blanches. Selon lui, «cette situation nuit considérablement à l'équilibre nécessaire de l'offre et la demande». C'est la raison pour laquelle l'ANFA demande aux autorités d'intervenir sur le marché pour «abattre ce surplus de poulets» et le conserver pour le mois de Ramadhan, période durant laquelle la demande sur les viandes blanches augmente sensiblement. Parmi les intervenants sur cette filière, qui compte plus de 3000 éleveurs, l'Office national des aliments de bétail (ONAB) est aujourd'hui un outil de régulation sur lequel les autorités publiques comptent beaucoup. Selon Lambarek Yahi, PDG de l'Office, «les dernières mesures décidées par l'Etat en faveur des aviculteurs, à savoir l'exonération des droits de douane et de TVA pour les intrants et les produits finis, devaient automatiquement avoir comme conséquence une augmentation de la production. C'est pourquoi nous avons anticipé et avons pris, depuis décembre dernier déjà, les mesures nécessaires pour faire face à une telle situation». Concrètement, explique M. Yahi, «l'ONAB a invité tous les opérateurs de la filière et de l'interprofessionnelle avicole à adhérer à son système triangulaire, un dispositif de régulation qui consiste à absorber la production des éleveurs ayant signé des contrats avec l'ONAB, avec un prix de cession de 200 DA le kilo». Et de préciser : «Pour éviter des pertes aux éleveurs, l'ONAB a procédé à l'achat de quantités importantes de poulets à un prix variant entre 180 et 200 DA/kg pour le poulet vif afin de constituer des stocks en surgelé et fournir de la matière à ses filiales spécialisées dans la transformation.» Selon le même responsable, le dispositif triangulaire compte aujourd'hui environ 1000 aviculteurs adhérents. Pas moins de 600 000 tonnes de viandes blanches sont ainsi absorbées annuellement par l'ONAB grâce à ce dispositif, «mais l'Office ne peut pas à lui seul réguler tout le marché national», souligne M. Yahi. C'est la raison pour laquelle ce dernier appelle les privés à s'impliquer pour «arriver à fédérer tous les éleveurs autour d'abattoirs et sécuriser tous les producteurs contre d'éventuelles chutes des prix en cas de surproduction». Notons, à ce propos, qu'une réunion de coordination a regroupé, mercredi dernier, le Comité interprofessionnel de la filière avicole (CIFA) et l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev), durant laquelle il a été convenu de la nécessité de prendre rapidement des dispositions afin de «maintenir la continuité de l'élevage» suite à la chute des prix. Selon le président du Comité, M. Laïdouni, un appel a été lancé aux abattoirs privés et publics pour «éponger le surplus de production et éviter une perte aux éleveurs». Les pouvoirs publics «doivent aussi faire plus d'efforts pour inciter les abattoirs privés à fédérer autour d'eux les éleveurs, les producteurs d'aliments et de poussins et créer des groupements d'intérêt commun afin qu'ils puissent bénéficier d' un accompagnement technique et financier», a ajouté le même responsable.