Pour l'historienne Ouarda Ensighaoui Himeur, ils étaient ceux qui avaient défié l'Empire romain en terre algérienne. Elle a choisi dans son essai, Ils ont défié l'Empire, publié par les éditions Casbah, d'évoquer les itinéraires de personnalités politiques et militaires tels que Juba I, roi de Numidie, et Gildon, comte d'Afrique. « Il existe des écrits sur ces personnalités. Le problème qui se pose pour récupérer l'histoire ancienne est le manque de textes. Juba I ou Takfarinas sont connus. Firmus et Gildon le sont moins. J'ai fait beaucoup de recherches pour trouver des traces. J'ai tenté de reconstituer leur stature, leurs combats et les événements dans lesquels ils ont été impliqués », a-t-elle précisé. « C'est une partie de notre identité que nous ne connaissons pas. Il s'agit de figures minorisées par le regard colonial. Le regard est toujours de supérieur à inférieur dans les manuels d'histoire », a-t-elle ajouté. Juba I et Jules César sont mis dans le même pied d'égalité dans l'essai de Ouarda Ensighaoui Himeur. Elle rappelé que Vercingétorix, le héros gaullois, vaincu à Alésia en 52 avant Jesus-Christ, s'est rendu et s'est mis à plat ventre devant Jules César, l'empereur romain. « Juba I a, lui, préféré le suicide à capitulation et au déshonneur. Il avait de la dignité. Il a été trahi par ses voisins. S'il ne l'avait pas été, l'histoire aurait changé de cours », a-t-elle souligné. « Le colonialisme avait tout fait pour nous présenter comme des Barbares, un peuple qui n'a pas d'histoire, pas de passé et pas de culture. Alors que Juba I, par exemple, portait le manteau pourpre comme les empereurs romains. Il s'agit de chefs qui avaient étudié à Carthage et qui parlaient le latin et le grec. Le colonialisme ne pouvait pas dire cela parce qu'il était venu nous ‘'civiliser'' », a expliqué ce maître de conférences à l'université d'Alger, spécialiste de l'analyse du discours historique et journalistique.