Un rapport détaillé renfermant toutes les doléances et propositions des magistrats sera remis aux différentes parties concernées. C'est du moins ce qu'a déclaré, hier, Djamel Laïdouni, président du syndicat. Celui-ci nie, toutefois, être au cœur d'une contestation, comme il nie avoir délaissé les problèmes soulevés par ses pairs. Le syndicat des magistrats décide de mettre le gouvernement devant ses responsabilités en lui soumettant les réclamations de la corporation. A cet effet, M. Laïdouni a décidé d'entreprendre une série de rencontres avec les magistrats de plusieurs wilayas du pays, notamment Alger, Constantine, Oran, Ghardaïa… pour recenser leurs préoccupations. A Alger comme à Constantine, les magistrats ont posé des problèmes concrets, ils réclament un peu plus de considération à leur égard : «Le juge est délaissé socialement. Si on nous traite comme des hauts fonctionnaires, on doit aussi bénéficier des avantages qui leur sont octroyés», réclame une juge. Dans chacune de leur réunion, les juges évoquent les obstacles que rencontrent leurs pairs au quotidien, ils estiment que les contraintes déontologiques et obligations de réserve, la charge de travail et aussi la pression font d'eux des responsables qui portent un lourd fardeau sans que cela ne se répercute positivement sur leurs conditions de vie et de travail. Pour M. Laïdouni, les magistrats, à l'unanimité, réclament, entre autres, l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l'amélioration de la situation socioprofessionnelle des magistrats et le renforcement du rôle du Conseil supérieur de la magistrature. Le SNM revendique également l'affiliation de l'inspection générale du ministère de la Justice au Conseil supérieur de la magistrature. Cependant, le chef de file de ce syndicat n'est pas à l'abri des critiques, certains juges remettent en cause le travail de M. Laïdouni et son staff. A Constantine, un juge a proposé le départ du bureau du SNM à sa tête Djamel Laïdouni, d'autres juges se sont plaints de l'indifférence du syndicat par rapport à leurs problèmes. «Nous avons des problèmes avec les chefs de cour et les procureurs généraux, nous avons exposé à maintes reprises ce dossier, mais le syndicat n'a rien fait», a révélé un juge. Contacté hier, M. Laïdouni a refusé de s'étaler sur ces accusations, minimisant leur contenu. Le président du SNM s'en défend toutefois, en rappelant que les magistrats n'ont pas le droit de recourir à la grève.