Lazhari Labter, directeur des éditions Alpha, évoque la difficulté d'éditer les jeunes auteurs en Algérie Est-ce que, selon vous, les auteurs algériens auront un jour une relève ? Personnellement, je pense que la relève sera assurée même si cela sera difficile. Par exemple, chez Alpha Editions, 80% des auteurs publiés sont de jeunes inconnus. certes, ils n'ont pas tous entre 20 et 30 ans, mais il existe des passionnés de l'écriture qui proposent quotidiennement leurs œuvres. Même si le niveau de l'écrit reste lacunaire pour les jeunes, ils arrivent parfois à nous « pondre » des chefs-d'œuvre. Pourquoi est-ce difficile pour les jeunes de voir leurs romans publiés ? Il est très difficile en Algérie de trouver un éditeur qui se lance à cœur perdu dans l'édition de jeunes talents. La plupart des responsables d'éditions ne connaissent même pas le métier d'éditeur. Ils exercent leur travail comme un commerce. Ils ne publient que ce qui leur ramènera de l'argent et voire même ils en demandent aux jeunes afin de les lancer. La situation devient grave, car je suis sûr qu'il y a des centaines de talents qui courent les rues et qui sont découragés d'écrire, car les éditeurs ne les motivent pas et renoncent à publier leurs nouvelles. Vous avez parlé de lacune au niveau des écrits, pouvez-vous nous en dire plus ? Oui, car malheureusement, le véritable blocage au niveau de la jeunesse dans notre pays, c'est l'accessibilité à la culture littéraire nationale et mondiale. Les pouvoirs publics algériens ne mettent rien en œuvre pour la promotion des livres, ils n'insèrent pas, dans les programmes scolaires, les ouvrages des grands auteurs. Ils ne donnent pas de chance à des jeunes de s'installer comme libraire ou autre. Il y a un gros problème et les solutions apportées ne sont encore que minimes. Tout cela pour dire que l'enseignement en Algérie ne pousse pas les jeunes vers l'écriture. Le niveau scolaire est faible et nous le constatons, nous les éditeurs, dans les ouvrages que l'on reçoit, de la difficulté qu'ont les jeunes d'aujourd'hui à rédiger dans un français parfait ou un arabe irréprochable. Est-ce que pour vous, avec toutes ces problématiques, la littérature algérienne a un avenir ? Oui je le pense au plus profond de mon cœur, car je le constate dans des salons comme celui-ci. L'affluence des gens prouvent qu'il y a de l'espoir pour notre littérature et dans celui de voir quotidiennement des jeunes auteurs publiés. Maintenant, il reste juste à faire un effort au niveau de nos lois pour, par exemple, essayer d'exporter notre savoir littéraire dans d'autres pays. Que les éditeurs aient la possibilité de tirer leurs livres à plus de mille exemplaires. Voir d'autres bibliothèques, de librairies, de centres de lecture publics et surtout un accès facile à la littérature pour pousser les jeunes à lire et à écrire de plus en plus, afin d'augmenter leur niveau de savoir et la qualité de leurs esquisses.