Alertés par une information selon laquelle la mouhafadha d'Oran avait été rouverte, des dizaines de militants se sont rassemblés, hier matin, devant le siège de cette structure du FLN pour protester. La porte métallique de l'étage où sont situés les bureaux était toujours fermée mais, durant toute la matinée, les contestataires n'ont pas bougé pour autant. « Les avoirs du parti étant gelés, il n'est pas question d'ouvrir la mouhafadha avant la tenue du congrès prochain, seule instance habilitée à clarifier définitivement les choses », affirment à l'unanimité nombre de contestataires regroupés sur le trottoir d'en face. A l'intérieur de l'édifice, Hamou Bachir, élu APC possédant un bureau au premier étage où il exerce en tant qu'avocat, dément l'information relative à l'ouverture du siège, même si lui ne trouve pas d'objection. Il venait juste d'être contacté par M. Brahma Djelloul, ancien mouhafedh démissionnaire, à qui il a rendu compte de la situation. Ce dernier avait annoncé à plusieurs reprises que la mouhafadha allait être rouverte mais dans le respect des règles, c'est-à-dire en présence d'un huissier, d'un membre des instances centrales, mais surtout en concertation avec l'ensemble des militants. « La procédure de réouverture est entamée, elle suit son cours, mais ce n'est pas encore à l'ordre du jour », devait-il déclarer au téléphone. Pour lui, étant sûr d'avoir tissé un réseau de relations pouvant lui permettre un retour honorable à la tête de la mouhafadha, « les contestataires ont voulu devancer les choses en créant cette agitation ». Cet événement traduit en tout cas l'enlisement du FLN dans une guerre sans fin qui ne laisse, du moins à Oran, aucune chance à la réconciliation telle que prônée sous la responsabilité de Belkhadem. Juste après la désertion de l'équipe de Benflis au lendemain de la présidentielle, le siège de la même mouhafadha a été squatté un moment par le colonel Abid (l'un des chefs de file des tendances de redressement) qui voulait prendre les rênes du parti à l'échelle locale. Il a été délogé comme un indu occupant. Aujourd'hui, parmi les protestataires, certains sont venus le représenter. Une petite revanche personnelle, mais aussi un grand fossé entre les groupuscules inconciliables du FLN. Le fossé est d'autant plus large que les irréductibles redresseurs soutiennent que « tous ceux qui ont roulé pour Benflis doivent retourner à la base et ne pourront pas, pour le moment, prétendre à un poste de responsabilité au sein du parti. » De ce fait, la bataille autour de la représentation au congrès ne fait que commencer.