La mouhafadha, ancien siège de la Barclay's Bank, était squattée par une famille, puis des particuliers ont occupé d'abord les bureaux et ensuite tout l'étage. Des indus occupants sont signalés, et tout le matériel de bureautique, le mobilier, l'ameublement commence à disparaître. « Dans cette ville, à chaque fois qu'il y a un événement politique important qui se prépare, la mouhafadha d'Oran est mise sous les feux de la rampe et devient un point de fixation qui fait ressurgir les vieux démons au sein des clans de la même famille politique du plus vieux parti », note amèrement Si Benslimane, un vieux routier. Ce mois de Ramadhan a été marqué à Oran par deux événements majeurs : la hausse vertigineuse des prix des fruits et légumes et l'ouverture pour le moins inattendue d'un troisième front d'influence dans ce climat d'affrontement avec l'annonce de l'ouverture d'une mouhafadha-bis, dans une bâtisse de l'ex-place Bariat de Medioni qui a abrité le bureau de coordination de la kasma 7. Cela s'est passé juste après la tenue d'une assemblée générale de réconciliation au siège de la kasma 2, de tous les militants des 26 communes, des élus locaux de l'APC et de l'APW, des députés et sénateurs de la même famille politique, à l'initiative de Mohamed Freha, un moudjahid considéré comme le doyen du FLN à Oran. Du côté de la mouhafadha, un monument architectural très british d'une valeur inestimable, hérité après l'indépendance de la Barclay's Bank, qui face à la non moins célèbre terrasse du « Café Riche », lieu de rencontre des riches colons, des bachaghas aux burnous décorés de médailles et autres personnalités de l'administration coloniale, rien de particulier. Sinon une grande affiche publicitaire du chaotique Festival de la chanson oranaise, suspendu au fronton de l'édifice. A Oran, le Front a commencé à battre de l'aile depuis les scandales successifs qui ont abouti aux déchirements et à l'éclatement du bureau de la mouhafadha en 2005 alors que se déroulait le congrès placé sous l'influence des « redresseurs » et qui a annulé le précédent conclave. Pour un ancien militant, avocat de profession, « cette guerre de chapelles a abouti à la désignation par le "Djihaz d'Alger" d'une personnalité connue sur la place d'Oran, député de surcroît, et dont la carte d'adhésion au FLN a été établie en 2003 dans la kasma de l'agglomération rurale de Sidi Bachir, en tant que "mouhafedh provisoire", alors qu'une commission composée de 19 cadres a été installée pour gérer les affaires courantes ». C'est à cette période que les portes de la mouhafadha ont été scellées. Mais l'histoire de cette bâtisse est riche en événements puisqu'elle a perdu le hall au profit de la défunte BCIA, une banque privée dont les patrons croupissent en prison. Entre- temps, le parc de véhicules a disparu et le garage loué à un établissement hôtelier. La mouhafadha était squattée par une famille, puis des particuliers ont occupé d'abord les bureaux et ensuite tout l'étage. Des indus occupants sont signalés et tout le matériel de bureautique, le mobilier, l'ameublement commencent à disparaître. Des rumeurs persistantes font état de mauvaises fréquentations. Ce qui fait dire au militant de la bourgade d'El Kerma que, « même si les portes de la mouhafadha nous sont rouvertes, il est impossible de se réunir dans les locaux qui sont dans un état de délabrement et d'insalubrité intolérables ». Pour Noureddine, jeune universitaire, « tout le mal vient du secrétariat général du Parti qui maintient ce climat délétère à l'origine de toutes ces dissensions entre militants, car le régionalisme facilite l'intrusion de personnes qui se servent du FLN pour gravir les marches des hautes institutions et les exemples ne sont pas rares à Oran, que ce soit pour celles des assemblées élues communales, de wilaya ou nationales ». La violence est l'autre credo très en vogue dans le milieu. A maintes reprises, la foule a été souvent gratifiée de spectacles de foires d'empoigne entre responsables locaux du vieux parti.