Quatre syndicats autonomes représentant les secteurs de l'éducation et de l'administration, notamment les CLA, Cnapest, Satef, Snapap, ont décidé de réactiver l'intersyndicale de la Fonction publique. Leur première action commune consiste en le mouvement de protestation prévu pour le 8 novembre prochain. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, les porte-parole de ces syndicats ont expliqué les raisons de leur colère et l'objectif recherché à travers le recours à un débrayage d'une semaine reconductible. « Nous avons décidé de souder nos rangs et de travailler ensemble dans le cadre d'une stratégie de mobilisation », a indiqué M. Achour du CLA. Une plateforme de revendications a été élaborée à cet effet par les initiateurs de cette action de protestation. Ils revendiquent tous l'ouverture d'un dialogue sur le régime indemnitaire. Un régime digne de tous les travailleurs du secteur (personnels d'encadrement, de gestion et pédagogique, corps communs et autres). Ils qualifient unanimement la circulaire du Premier ministre, qui annule l'application rétroactive du régime indemnitaire, d'arbitraire et de trahison. Le problème de la dégradation effroyable du pouvoir d'achat fait également l'unanimité. Les représentants des fonctionnaires appellent à la tenue d'une conférence nationale qui réunira les parents d'élèves, les enseignants, les syndicats, les spécialistes en pédagogie pour débattre de la situation catastrophique dans laquelle se débat l'école algérienne et sortir avec des résolutions permettant de la remettre sur les rails. Sur un autre registre, M. Sadali du Satef a qualifié la situation des enseignants contractuels d'inhumaine avec ce qu'elle engendre comme répercussions sur la qualité de l'enseignement. « Nous demandons à ce l'on cesse la contractualisation dans le secteur de l'éducation et que l'on réintègre tous les contractuels qui réclament leurs droits depuis plusieurs années », a souligné M. Sadali. Pour ce qui est des œuvres sociales, les syndicats exigent la libération des œuvres sociales du joug syndical (UGTA) et l'annulation de la décision ministérielle n°94/158. « Nous proposons la création d'un organisme neutre, élu par les travailleurs, qui se chargera de la gestion des œuvres sociales. Nous suggérons aussi la décentralisation de ce dossier afin que les travailleurs puissent avoir un droit de regard », explique M. Sadali. L'autre sujet traité par les syndicalistes porte sur les maladies contractées par beaucoup d'enseignants et la nécessité de mettre en place une médecine du travail au profit des travailleurs du secteur. « La majorité des enseignants souffrent de maladies chroniques, d'allergies causées notamment par la craie, les travailleurs de ce corps ne sont pas pris en charge sur le plan psychologique, alors que cela s'impose vu la pression et les problèmes auxquels ils sont confrontés à longueur de journée », note un syndicaliste Par ailleurs, les conférenciers n'ont pas manqué d'évoquer le conflit opposant, ces derniers temps, le ministre de l'Education au premier responsable de la direction de la Fonction publique. D'aucuns estiment qu'il s'agit là d'un conflit relatif à la logique des quotas. « Les concours sont organisés par la direction de l'éducation et la Fonction publique a pour mission de contrôler le déroulement de ces épreuves. Toutefois, les deux parties ont leurs candidats "favoris" à faire passer et ce, au détriment, bien sûr, des postulants compétents », a simplifié le représentant du CLA, qui pense que la source du conflit réside dans la mésentente sur cette logique de quotas. Pour l'ensemble des syndicats, cela dénote de l'incohérence qui existe entre les différentes structures de l'Etat. « La direction de la Fonction publique est rattachée à la Présidence, ce qui implique qu'entre le gouvernement et la Présidence il y a une mauvaise coordination », a soutenu M. Achour du CLA.