Lundi soir, la Cinémathèque Algérienne d'Alger a été envahie par des femmes. Et pour cause ! Cheba Louisa qui « s'y produisait ». Cheba Louisa, un film de la réalisatrice Françoise Charpiat, a été présenté au grand bonheur du public, et ce, avant-première, quelques jours de sa sortie simultanée en France et en Algérie, le 8 mai 2013. Et ce, sous les auspices de Cirta Films et en présence de la « Dream Team » féminine. La cinéaste Françoise Charpiat, Meriem Hamidet, coscénariste, les actrices Rachida Brakni et Agathe de La Boulaye ou encore Anne Derré. Et avec comme invité de marque, le grand chanteur algérien, Rachid Taha ayant signé la bande originale de Cheba Louisa. Le pitch ?Djemila, juriste célibataire a enfin son propre appartement… à deux pas de chez ses parents. Française d'origine maghrébine, elle fait tout pour gommer ses origines. Emma, sa voisine déjantée et fauchée, rame pour élever seule ses deux enfants. Alors que tout oppose les deux femmes, grâce à la passion pour la musique et de surcroît, algérienne, le raï, elles se prendront en sympathie. Une délirante, burlesque, hilarante, généreuse comédie. Rachida Brakni( Djemila) et Isabelle Carré (Emma) dans un rôle contre-emploi car extravertie à la Amy Winehouse ( par opposition à ses rôles de névrosée et introvertie), crevent l'écran . Et les comédiens Biyouna et Sid Ahmed Agoumi, parents de Djemila, Agathe De La Boulaye et M'hamed Arezki jouant avec justesse. Un film prenant à rebrousse poil les clichés portant sur les « Reubeu » ( beurs), expriment haut (en couleur) et fort une tolérance, un humanisme, une liberté et puis cette beauté simple. Cheba Louisa parle de condition féminine avec un nouveau regard frais, autre et surtout féminin et courageux. Et ce, contre « la bienpensance » de l'establishment, l'hypocrisie, les qu'on dira-t-on, le conservatisme frisant l'ineptie obscure de l'intolérance….D'ailleurs, la chanson récurrente dans la ChebaLouiza, Khalouni, goupillée par Rachida Taha-figurant dans son nouvel album Zoom est éloquente et significative . Les lyrics disent : « laissez-moi vivre ma vie ! » Au fait, Françoise Charpiat sait bien filmer les femmes. A hen party ( une fête entre femmes) ! Une fluidité filmique, une délicatesse féminine et suave dans la direction d'acteurs (on sent la complicité). Et puis, ce contraste artistique très fin, le jeu de rôles entre Djemila et sa grand-mère, Cheba Louisa, chanteuse de raï dans les années 1950 et 1960. Entre un noir et blanc nostalgique et un couleur « prononcée et annoncée ». Cheba Louisa est dans la même veine que La Graineet le Mulet, Satin Rouge ou encore Just Like A Woman de Rachiba Boucahreb. La « dernière image », comme dirait Mohamed Lakhadra Hamina, la scène où Rachida Brakni (Djemila) chante elle-même, est mouvante, émouvante et lacrymale. On découvre la jolie voix de Rachida Brakni. «Le fait de voir beaucoup de femmes autour de moi, j'ai eu énormément de plaisir à faire ce film. » sera le beau compliment de Rachid Taha faisant une apparition dans Cheba Louisa qui sera à l'affiche au cinéma Cosmos d'Alger, à partir du 8 mai 2013.