Comment conforter la stratégie des relations entre Alger et Madrid à la faveur du voyage qu'a entrepris, jeudi dernier, le président Bouteflika en Espagne ? En œuvrant pour la conclusion d'un « accord global de coopération économique et financière », précise la déclaration commune rendue publique à l'issue de la deuxième réunion de « haut niveau » entre les deux pays. Selon l'APS, la troisième réunion de ce genre est annoncée pour 2006 à Alger, après celle tenue, en novembre 2003, au même lieu. L'Algérie est déjà liée à l'Espagne par un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération signé en octobre 2002. D'ailleurs, l'Espagne « réitère son engagement politique avec le processus de réformes initiées par le président Bouteflika et la politique de réconciliation nationale, tout comme le processus de modernisation et de libéralisation économique ». Et pour prouver cet engagement, les délégations des deux pays ont abordé la possibilité de renégocier l'accord de conversion de la dette en investissements, qui expire le mois prochain. Mieux, José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement, a annoncé la création d'un plan d'action des entreprises espagnoles en Algérie. Ce plan concerne « spécifiquement les transports ferroviaire et maritime, les ports, le secteur de la construction et le contrôle du trafic aérien ». En relation avec ce plan, une journée de travail consacrée à ces projets sera organisée à Alger au mois d'avril prochain avec la participation des entreprises espagnoles intéressées et des responsables des deux gouvernements. Sur cette question, Cuevas Salvador, président de la Confédération espagnole des organisations patronales (CEOE) a évoqué l'implication beaucoup plus importante des entreprises espagnoles en Algérie. Mais aussi et surtout d'insister sur « le rôle que peut jouer l'Espagne dans la promotion de la coopération dans le bassin méditerranéen entre l'Union européenne et le Maghreb ». Un rôle qui semble lié au caractère stratégique de la coopération en matière énergétique. Du coup, le gouvernement espagnol va qualifier de « priorité A » le projet de gazoduc Medgaz transeuropéen dans le Plan énergétique qui doit être révisé avant le 30 juin 2005. Un projet qui, d'après le ministre espagnol de l'Industrie, répond à la stratégie européenne de coopération en Méditerranée et aux objectifs communautaires de diversification des sources d'approvisionnement énergétique. Medgaz, qui reliera Beni Saf (Oran) directement à la ville d'Almeria (Espagne), va augmenter les interconnexions pour le transport d'énergie entre les pays membres de l'Union européenne. Pour cela, les gazoducs Euskadur (connexion Espagne-France par Irun) et Lacq-Calahorra, seront transformés en bidirectionnels, faisant ainsi de Medgaz un projet « d'intérêt européen », estime-t-on. Avec le soutien financier du gouvernement espagnol, d'autres projets d'intérêt commun avec l'Algérie seront finalisés. Sur un autre volet, un accord de coopération judiciaire en matière civile et commerciale a été signé entre les ministres de la Justice. A cette occasion, il y a eu échange des instruments de ratification de l'accord de coopération judiciaire en matière pénale. Avec aussi l'engagement d'entamer des négociations dans la perspective de la signature d'un accord d'extradition de personnes en situation irrégulière. A signaler qu'Alger et Madrid ont réaffirmé leur attachement aux résolutions 1495 et 1541 du Conseil de sécurité de l'ONU qui consacrent « le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ». En outre, Zapatero a été invité à participer au sommet arabe d'Alger de mars prochain. La présence de ce dernier, dira Bouteflika, « témoignera (alors) de la vitalité du dialogue politique algéro-espagnol ».