Alger et Madrid se concertent et consolident leur coopération dans tous les secteurs. A l'invitation de son homologue algérien, M.Abdelaziz Belkhadem, Mme Anna Palacio, ministre espagnole des Affaires étrangères, sera, aujourd'hui, à Alger, pour une visite de travail. Elle procédera, au cours de ses rencontres et entretiens avec les responsables algériens, à l'évaluation de l'état de la coopération bilatérale entre les deux pays qui a connu, ces dernières années, un essor consistant dans tous les secteurs. Cependant durant les récents mois, le rythme de progression et d'évolution de cette coopération et, partant, des rencontres entre les responsables algériens et espagnols, s'est quelque peu ralenti ou tout au moins a fonctionné à une vitesse réduite. Le contexte international, qui a alors prévalu durant cette période avec notamment la crise puis la guerre américaine contre l'Irak, s'il semble ne pas avoir affecté de part et d'autre les relations présentées comme stratégiques entre Alger et Madrid, ne s'en est pas moins trouvé sous le poids des répercussions de cette grave crise dans les relations internationales. La position franchement pro-américaine de l'Espagne, n'a eu certes aucune incidence négative directe sur les rapports entre les deux pays, mais au sein de l'opinion et de la rue algériennes, l'alignement de Madrid sur les positions des va-t-en guerre n'est pas passé inaperçu et a créé un climat et une atmosphère tels qu'ils ne pouvaient pas permettre alors ce genre de rencontres. Aujourd'hui, les clameurs se sont tues, et les deux pays peuvent reprendre en toute sérénité leur coopération et leurs concertations. Il faut dire cependant que les chefs de diplomatie des deux pays se sont déjà rencontrés dans un cadre multilatéral, pas plus tard que le mois dernier à la faveur de la réunion du Forum méditerranéen des «5+5» qui s'est tenue à Sainte-Maxime en France. Par ailleurs, les deux responsables des Affaires étrangères des deux parties se sont rencontrés également en octobre dernier dans la capitale espagnole dans le cadre de la visite d'Etat qu'avait effectuée le Président Bouteflika en Espagne, en réponse à celle faite à Alger en avril 2000 par le chef du gouvernement espagnol, M.José Maria Aznar. Néanmoins, c'est au cours du voyage du Président algérien à Madrid, que les deux pays ont conféré une dynamique nouvelle aux rapports bilatéraux. En effet à cette occasion les deux parties avaient signé un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qui octroie un caractère stratégique aux relations futures entre l'Algérie et l'Espagne. Faut-il rappeler qu'Alger et Madrid avaient aussi saisi cette opportunité pour signer trois autres dispositifs de coopération à savoir: une convention en matière judiciaire, un accord sur la non-double imposition et un autre sur les transports routiers? Il va sans dire que cette nouvelle rencontre entre Mme Palacio et M.Belkhadem leur permettra de passer en revue l'état d'avancement et d'évolution de tous ces accords et d'esquisser l'ébauche de nouveaux projets économiques communs et notamment dans les secteurs de la fourniture du gaz algérien à l'Espagne, l'interconnexion des réseaux électriques et du traitement des déchets. En outre, et sur le plan purement diplomatique et politique, les concertations entre les deux responsables concerneront la relance du processus de paix au Proche-Orient avec la mise en oeuvre de la «feuille de route» du quartette international, la situation en Irak, les questions de sécurité en Méditerranée et surtout la situation au Maghreb, notamment le dossier du Sahara occidental. Bref, l'ordre du jour ne manque pas de points dans cette nouvelle rencontre de haut niveau algéro-espagnole, les deux pays constituant la tête de pont de ce fameux partenariat entre le Nord riche et industrialisé et le Sud qui aspire à le devenir.