Confortés dans leur position, plusieurs formations politiques dénoncent «le mensonge officiel» et exigent la mise en œuvre, sans attendre, de l'article 88 de la Constitution. En effet, le RCD, le FNA, Ahd 54 et Jil Jadid appellent à la cessation immédiate de «la mise en scène» et à «l'organisation des élections anticipées». «Depuis longtemps, les Algériens ne se font aucun mystère sur l'état de santé compromettant du chef de l'Etat. A lui seul, Sellal représente de manière caricaturale la déliquescence de toutes nos institutions (…). Le dernier communiqué de la Présidence vient de révéler, encore une fois, le mensonge auquel nous ont habitués ceux qui nous gouvernent. Et cela, malgré une mise en scène minutieusement préparée et relayée par l'APS», a déclaré Athmane Mazouz, chargé de communication du RCD. Selon lui, il n'est plus possible de croire les déclarations officielles. «Comment peut-on accorder un quelconque crédit à une communication officielle algérienne longtemps façonnée par des responsables français ? D'un AIT sans séquelle à un AVC nécessitant de longues séances de rééducation fonctionnelle, la menterie est déroutante», ajoute-t-il. Athmane Mazouz qualifie également de «comédie burlesque» les déclarations selon lesquelles le Premier ministre a eu une discussion avec le chef de l'Etat sur la situation politique et sécuritaire du pays. «Les institutions sont en mode off. L'urgence et le devoir sont de sortir de cette banalisation et de la mise en scène de la maladie du chef de l'Etat en osant courageusement déclarer l'état d'empêchement légal. Le feuilleton Val-de-Grâce II doit cesser», enchaîne-t-il. «Il faut un bulletin de santé détaillé» Le président du FNA, Moussa Touati, appelle pour sa part au «respect de la Constitution et du peule algérien». Les responsables du pouvoir, explique-t-il, doivent savoir que «l'intérêt de la nation doit primer sur les intérêts personnels ou claniques». «Il faut mettre en œuvre sans attendre l'article 88 de la Constitution. Le Conseil constitutionnel doit prendre ses responsabilités et annoncer l'état d'empêchement pour aller à l'organisation de l'élection présidentielle anticipée», lance-t-il. Ali Fawzi Rebaïne, président du parti Ahd 54, se montre plus sceptique et exige plus de précisions sur la nature du handicap dont souffre Abdelaziz Bouteflika : «Il faut un bulletin de santé complet du chef de l'Etat. Je continue à croire que même en 2009, il n'était pas en possession de toutes ses capacités physiques.» Il s'interroge également sur la visite qu'a rendue Abdelmalek Sellal au Président. «Pourquoi ce n'est pas le président du Sénat, qui est le deuxième homme de l'Etat, qui a effectué ce déplacement ?», demande-t-il. De son côté, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, se dit «outré par le manque de respect fait aux Algériens». «C'est une évidence que le pouvoir a menti dès le début. S'il s'agissait que d'un AIT, le président de la République aurait été là depuis longtemps. Mais ce qui est plus grave, c'est que Sellal et les membres du gouvernement considèrent que les Algériens ne comprennent rien. Il faut arrêter de prendre des Algériens pour des incultes», s'offusque-t-il. Qualifiant cette situation de «triste et ridicule», Soufiane Djilali estime que les responsables du pouvoir «sont en train de briser tous les liens de confiance entre le peuple et le dirigeants». «Ils portent ainsi un grave préjudice à l'Etat. Un homme de la nation doit accepter de mourir tranquillement chez lui», pense-t-il. Les partis au pouvoir, le FLN et le RND, s'en tiennent à la version officielle et refusent de faire d'autre commentaire. «Nous ne pouvons pas remettre en cause les propos du Premier ministre qui a vu le Président et qui a affirmé que son état de santé s'est amélioré. Les institutions fonctionnent normalement, sauf le conseil des ministres qui est bloqué», dira Kassa Aïssi, membre du bureau politique du FLN. «Nous avons appris les nouvelles du président de la République avec satisfaction. Le RND est resté confiant quant à l'amélioration de son état de santé et nous lui souhaitons un prompt rétablissement», ajoute Nouara Saâdia Djaâfer, chargée de communication au RND. Dans le même sens, le Parti des travailleurs (PT) juge que ceux qui plaident pour l'activation de l'article 88 de la Constitution ont perdu la bataille. «Nous avons vu les premières images du Président et c'est une bonne chose. Il y a assez de complots qui se trament contre l'Algérie et nous n'avons pas besoin de problèmes supplémentaires», réagit Ramdhan Taâzibt, député du PT.