L'affaire El Boustène, dont le patron, Abdelhamid Boudiaf, est actuellement en fuite après l'engagement de poursuites judiciaires, continue de susciter l'intérêt de l'opinion publique. El Boustène vient de réagir par le biais d'un placard publicitaire diffusé dans au moins deux quotidiens nationaux, 24 heures seulement après la publication par El Watan d'une enquête le 17 juillet 2004. Or, le même jour, soit le 17 juillet, M. Kennouche, se présentant comme responsable d'Agritech, une des sociétés d'Abdelhamid Boudiaf, s'est manifesté au niveau de notre rédaction pour apporter des précisions en s'appuyant sur des documents qui ne peuvent être considérés comme étant un démenti aux informations publiées par le journal. N'ayant pu convaincre l'auteur de l'enquête, M. Kennouche a téléphoné à son patron, le président-directeur général du groupe El Boustène, M. Abdelhamid Boudiaf, lequel a proposé de rencontrer l'auteur de l'enquête pour lui parler « des dessous du complot concocté par certaines conserveries de tomate dans le but de me détruire ». La journaliste a accepté malgré les risques qu'elle pouvait encourir du fait que Boudiaf fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par le parquet de Annaba. Mais, ni Boudiaf ni Kennouche ne se sont manifestés jusqu'en fin de journée. Par le communiqué (mise au point ?) que certains journaux ont accepté de publier, transgressant ainsi l'éthique professionnelle, l'opinion publique a eu accès à des information intéressantes. En effet, après avoir bien sûr démenti toute démêlée avec la justice, le communiqué signé El Boustène nous apprend que M. Abdelhamid Boudiaf, « une fois élargi par le magistrat instructeur a été appelé à prendre en charge la campagne de tomate et n'a appris qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt que par le biais de la presse ». El Boustène reconnaît que lors de la première instruction, le juge qui a placé le patron du groupe sous contrôle judiciaire l'a rassuré en lui proposant même d'aller s'occuper de sa campagne de tomate et va très loin dans ses propos en précisant que « la banque, les Douanes et les impôts n'ont certainement pas besoin d'avocats autres que les leurs pour défendre leurs intérêts ». Comme si la journaliste n'a pas le droit de s'interroger sur la gestion des deniers publics, parce que les prêts bancaires accordés par les banques publiques aux opérateurs privés appartiennent bel et bien à la collectivité. Dans sa réponse, El Boustène, dément avoir contracté de crédits auprès de la BNA et de la BDL. Il y a eu une erreur d'appréciation, puisqu'il fallait juste lire que le montant des prêts accordés par la BEA et le CPA au groupe El Boustène depuis 1991 s'élève à 3,5 milliards de dinars.