Le conférencier n'a pas manqué d'afficher son opposition à l'amnistie fiscale. Le président de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité, Karim Mahmoudi, n'est pas du tout content de la gestion financière du pays. «Tout ce qui se passe chez nous n'est que du cinéma. Ce ne sont que des scénarios montés pour servir les intérêts de certains clans qui continuent encore de sucer le sang de l'Algérie» a déclaré, hier Mahmoudi, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Confédération. A la racine du problème, estime l'orateur se cache un petit phénomène qui n'est pas hélas nouveau: le politique prime sur l'économique. A en croire le conférencier, tous les blocages que connaît le système bancaire algérien sont dus à ce phénomène. Se voulant plus clair, il s'attaque aux problèmes que rencontrent certaines entreprises dans l'acquisition des crédits. M.Mahmoudi n'est pas allé loin pour chercher ses exemples. L'affaire du leader de l'industrie d'emballage en Algérie, Tonic Emballage en est un exemple type. Lâchée depuis février dernier par la banque accompagnatrice, Badr (Banque algérienne de développement rural), cette entreprise n'arrive toujours pas à compter sur ses fonds propres pour continuer à financer ses projets de développement. Ce géant de l'emballage est composé de onze entreprises, dont neuf ouvrent droit au crédit. «Justement Tonic a emprunté 65,5 milliards de dinars à la Badr. Elle a présenté comme garantie de remboursement un équipement estimé à 87 milliards de dinars. De ce crédit qu'on lui a accordé, Tonic n'a pris que la moitié. L'autre moitié est gelée après l'arrivée du nouveau directeur de la Badr », a expliqué le président de la Confédération des cadres de la finance. «Cette affaire relève de la pure fiction cinématographique» a encore déclaré M.Mahmoudi. Ce dernier met en garde les autorités quant au devenir des 4000 employés qui sont menacés de licenciement suite à la fermeture des robinets par la Badr. Pourtant, les réformes du système bancaire et de la justice ont été entamées tambour battant par les autorités. Cependant, comme l'a souligné le conférencier, «tant que la bureaucratie continue encore de primer, on ne peut rien contre ce genre de pratiques, dont l'économie nationale continue de payer la facture». Une autre affaire mise sous les feux de la rampe par le président de la Confédération des cadres est celle de l'unité de transformation de la tomate, El Bousten. En effet, cette autre affaire ayant fait couler beaucoup d'encre concerne l'importation frauduleuse de 1400 tonnes de concentré de tomate par le responsable du groupe El Bousten, Abdelhamid Boudiaf. Ce dernier a pris la fuite juste après que l'affaire eut éclaté au grand jour. Aujourd'hui «c'est le directeur régional de la BEA, M.Abidi, qui croupit en prison. Je pense qu'il est injustement incarcéré. D'autant que je ne suis pas là pour défendre des gens ripoux» a indiqué M.Mahmoudi. Abordant le sujet relatif à l'amnistie fiscale, le conférencier n'a pas manqué l'occasion d'afficher son opposition. Il est de même pour le dialogue social dont la fiabilité est selon M.Mahmoudi douteuse; car «pour entamer un dialogue qui concerne l'ensemble des travailleurs algériens, il faut associer les treize syndicats agréés», a conclu le conférencier.