Les habitants de Rouafaâ, au sud de Bordj Ménaïel, se sentent oubliés par les autorités. «Même le strict minimum est absent ici. Nous n'avons ni routes praticables, ni eau, ni gaz, ni réseau d'assainissement», s'écrie Kaïdi Belkacem. Composée d'une dizaine de villages, cette région au passé glorieux est située entre les limites territoriales de quatre communes, à savoir Bordj Menaïel, Issers, Timezrit et Naciria. «Le gaz est arrivé à Alouane et Ouled Sidi Amara, mais pas chez nous, alors que cela fait quatre ans qu'on parle de l'inscription d'un projet pour nos villages. L'eau coule dans nos robinets une fois tous les 15 jours. La plupart des familles s'alimentent à partir des fontaines et des puits, et ce, malgré les risques de pollution pouvant découler de la multiplication des rejets des eaux usées dans la nature. Plus de 80% des foyers ne sont pas raccordés au réseau d'assainissement. Le risque de maladies à transmission hydrique y est omniprésent», dira Mohamed Akkouche, membre du comité de village. Selon lui, l'éradication des fosses septiques nécessite une étude globale, en raison de l'éparpillement des habitations. La solution passe aussi par la réalisation d'une station de relevage afin d'éviter la pollution des oueds. Les villageois se plaignent aussi de l'absence de transport scolaire, précisant que l'un des deux bus réservés auparavant à leurs enfants a été affecté par l'APC pour transporter des élèves résidant au chef-lieu. «Nos collégiens déboursent 60 DA par jour pour suivre leurs études au centre-ville. Notre région mérite d'avoir un CEM puisqu'on a trois écoles primaires. Les autorités invoquent le prétexte de l'absence de terrain, alors qu'il y a des citoyens qui sont prêts à céder une parcelle à l'Etat. On ne demande pas des solutions immédiates à tous nos problèmes, mais on veut que l'Etat accorde un minimum de considération à cette région qui a beaucoup donné durant la guerre de libération», fulmine un autre représentant des villageois. En guise de réponse aux doléances des protestataires, le P/APC refuse d'«avancer des promesses dont la concrétisation dépasse parfois nos moyens et mes prérogatives». Selon lui, la prise en charge des revendications soulevées nécessite d'importants budgets, ce dont l'APC ne dispose pas actuellement. «Pour l'heure, la région a bénéficié d'un stade matico. On va éventuellement leur accorder un ou deux projets dans le cadre du Plan communal de développement de l'année prochaine. On espère juste qu'ils ne soient pas bloqués par les oppositions», dit-il.