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BOUMERDES
Des villageois de Bordj-Mena�el prisonniers dans leurs localit�s
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 05 - 2007

Dans la r�gion du massif des Rouaf, au sud de la commune de Bordj-Mena�el, les monts offrent une vue magnifique. A cette beaut� des lignes d�horizons s�ajoute la magnificence du manteau verdoyant et printanier de Dame Nature. Les petits villages d�Ighil N�Sadda, A�t-Oumziane, Anar Ighil, Idjelouhen, Boumesra� et Ait-Ighzer appellent � la s�r�nit� et au repos.
La situation de ces bourgades est singuli�rement le contraire de la ville de Bordj- Mena�el qui se clochardise de jour en jour. �Depuis 1996, nous n�avons enregistr� aucun incident grave. La situation s�curitaire s�est nettement am�lior�e parce qu�il faut le rappeler, notre r�gion est connue pour avoir rejet� le terrorisme�, affirment plusieurs villageois pour souligner la tranquillit� dont jouit leur r�gion. Effectivement, ceux qui connaissent cette partie de la wilaya de Boumerd�s diront que c�est le nord de la commune de Bordj-Mena�el, pour des raisons sociologiques, qui pose des probl�mes s�curitaires.
NOUS SOMMES MARGINALISES POUR DES CONSIDERATIONS POLITIQUES
A l�invitation de MM. Taourirt l�Hocine et Zidi Ahmed pour vivre et partager les difficult�s quotidiennes des villageois, nous nous sommes rendus sur place. Malheureusement, dans leur grande majorit�, ces montagnards ont �t� contraints d�abandonner leurs habitations, leurs lopins de terre pour venir �riger � la cit� Bastos, � la p�riph�rie est du centre-ville de Bordj-Mena�el, des bidonvilles. Ces villageois estiment avoir �t� frustr�s non seulement de leurs droits �conomiques, mais �galement de leurs droits politiques. �A cause de consid�rations politiques, le P/APC a refus� de d�livrer une autorisation pour compl�ter le dossier d�agr�ment administratif � notre comit� de village. Le premier Yannayer 2007, nous avions r�uni tajema�th (assembl�e des sages) de 150 personnes et �lu un comit� de coordination. Malheureusement, notre P/APC qui est du FLN nous soup�onne, � tort, de faire de la politique au profit du FFS. Ce responsable a refus� en outre de nous recevoir�, constatent nos h�tes. Effectivement, les populations de la r�gion de Tizi Na�t Ali n�Slimane et des villages suscit�s sont r�put�es proches du parti de Da l�Hocine. Mais serait-ce une raison de marginaliser des citoyens qui ont fait leur choix politique ? Force et de reconna�tre tout de m�me que le FFS a 4 si�ges au sein de l�APC de Bordj-Mena�el qui compte 11 mandats et ses �lus font partie de l�Ex�cutif. Dans notre pays o� il est de notori�t� que le sectarisme, l�exclusion et le despotisme sont des crit�res de gouvernance, tout reste dans le domaine du possible en mati�re de marginalisation des groupes sociaux r�fractaires au r�gime. Pour preuve, les villageois font �tat des privations des droits de d�veloppement de leurs localit�s. Pis, l��cole qui symbolise le mieux la souverainet� de la R�publique sur un territoire occup� par une communaut� humaine a �t� ferm�e, et l�embl�me national n�a plus �t� lev� dans cette contr�e depuis 2006.
LA ROUTE IMPRATICABLE
Pour monter � la r�gion des A�t-Djlaouha, nous avions quitt� � environ 12 km au sud de la ville de Bordj, au niveau de Tizi Na�t Ali n�Slimane, la route, un tr�s bon tapis de bitume qui aboutit dans la commune de La�ziv pour bifurquer vers les hauteurs sur un ancien chemin de wilaya qui va jusqu�� Timezrit, dans la da�ra des Issers. En cours de route, nous n�avons cess� de fulminer contre l�Hocine pour nous avoir men�s par cette route qui, en r�alit�, n�en est pas une. Deux voyages de ce genre et le v�hicule sera bon pour la reforme. �Comme �a, tu vas constater notre am�re r�alit�, plaisante cyniquement notre compagnon de route. Sur un peu plus de 3 km, la pluie a fait des ravages � la terre. �Tu vois l��tat de la route ? Cependant, le vice-pr�sident de l�APC a pr�tendu devant le chef de da�ra de Bordj-Mena�el que celle-ci a �t� couverte de gravier 0,40. Nous ne voyons aucune trace de ce gravier. Qu�il nous montre ce gravier, je lui payerai 10 DA pour chaque caillou ramass�, ironise Da Rabah qui suivait ses deux brebis. Plus tard, le responsable communal mis en cause nous a affirm� qu�une partie du chemin a �t� couverte d�une couche de tuf. C�est pr�cis�ment la portion de la route en question qui a �t� d�t�rior�e. L��tat d�sastreux de cet unique chemin d�acc�s des villageois est un s�rieux handicap pour la vie de tous les jours. A quelques kilom�tres d�un centre de gaz de l�entreprise Naftal, les villageois ach�tent la bouteille de gaz butane � raison de 300 DA. Les revendeurs font payer aux populations l�usure de leurs v�hicules. Certains qui n�ont plus les moyens d�acqu�rir cette bouteille cuisinent comme il y a des si�cles, sur la braise. �La majorit� des villageois est sans emploi. Ils n�ont pas de carte de S�curit� sociale�, clame l�Hocine laissant entendre que la citoyennet� de ses compatriotes est amput�e d�un droit fondamental et qu�ils ne sont recens�s dans aucun fichier. Ces paisibles montagnards n�entrent probablement pas dans les statistiques officielles de M. Ould Abb�s qui pr�tend que seuls 12% d�Alg�riens sont en ch�mage. R�put�es bastion de l�ALN, ces montagnes sont d�sormais d�laiss�es par l�Etat, ce qui ne manque pas d�exacerber au plus haut degr� la col�re des hommes des localit�s. �Hier, nous �tions les prisonniers de l�arm�e fran�aise, aujourd�hui, nous le sommes toujours mais dans le syst�me despotique du FLN�, fulmine Akkouche Hamouche, neveu d�un baroudeur de l�ALN connu dans la r�gion. Nous arrivons devant ce qui fut, en 2006, une �cole de 2 classes qui compte �galement un logement de fonction et un bloc de sanitaires. Akkouche, la trentaine, p�re de 2 enfants qui seront bient�t scolaris�s, se rappelle avoir fait ses classes dans cet �tablissement de la R�publique. Actuellement, le plafond des classes s�est effondr�. �Les institutrices ne pouvaient plus faire face aux d�penses de transport pour venir de Bordj-Mena�el. A cause de l��tat de la route, la course co�te 400 DA par taxi clandestin. Vous imaginez ces enseignantes d�penser une telle somme par jour !� Plusieurs enfants font plus de 8 km pour rejoindre leur �cole dans la commune de Timezrit. On nous montre le domicile d�un enfant qui traverse la for�t pour aller � l��cole. Son p�re a justement des vis�es sur la salle de soins pour la squatter. Construite il y a dix ans, elle n�a jamais servi. Le bonhomme en question a commenc� par installer une cl�ture en roseaux. Au moment de notre passage, il �tait absent de son chantier.
LA REGION EST DESERTEE
Le groupe rejoint ce qui reste d�un ancien �lot d�habitations centenaires. Ce sont des anciennes maisons b�ties avec des pierres et de la terre, dans un style sp�cifiquement kabyle qui sont tomb�es en ruine. Le s�isme de 2003 a eu raison de ces vestiges. Les propri�taires, faute de l�aide de l�Etat pour la reconstruction, ont quitt� la localit� pour soit demander des chalets pour les plus chanceux, soit b�tir une baraque en t�le. La construction des bidonvilles ne fait pourtant pas partie des us des populations de la r�gion. �Comme dit le proverbe, �quand le couteau arrive � l�os et que la famille est dehors tous les moyens pour s�abriter sont bons�, clame l�Hocine. L�un des habitants, p�re de famille, qui est mont� au village pour voir sa m�re qui refuse cat�goriquement de descendre en ville, nous guide pour montrer l�ancienne salle de soins et la pharmacie construites par l�arm�e fran�aise. �Dans les ann�es 1950, alors que nous �tions collectivement des prisonniers de guerre, les localit�s disposaient d�une salle de soins et d�une pharmacie. En 2007, l�Etat alg�rien ne peut m�me pas prodiguer un minimum de soins�, proteste ce dernier. Nous avions h�sit� avant d�aborder avec nos h�tes le volet aide au d�veloppement agricole et construction rurale. Des programmes mis en ex�cution par les pouvoirs publics pour contenir un tant soit peu la pauvret� et l�exode rural. �Nous n�avons rien re�u�, disent-ils unanimement. �Pourtant, notre terre �tait jadis connue pour sa richesse et sa fertilit�, nous cultivions l�olivier, le cerisier, l�abricotier et toutes autres sortes de fruits ; � cause de la route et de la chert� du mat�riel, tout est laiss� � l�abandon�. C�est � se demander � quoi servent et qui lit ces bilans administratifs sur les bienfaits des programmes relatifs au d�veloppement rural et les sommes d�pens�es pour le progr�s �conomique et social dans les zones montagneuses sont inscrites dans quel chapitre ? La r�gion nord de Bordj-Mena�el se pr�te � merveille � une agriculture de montagne particuli�rement dans les fili�res de l��levage, l�apiculture, l�arboriculture, la viticulture... Il reste � l�Etat d�y mettre les moyens financiers et r�glementaires pour la r�paration des routes, l�ouverture des pistes, l�affectation des aides pour l�habitat rural mais surtout faire injonction aux institutions s�curitaires, �ducatives, sanitaires� de revenir sur le terrain et de s�engager r�ellement pour aider ces zones rurales � sortir de la pr�carit� afin de mettre des barri�res contre le basculement dans les extr�mismes de ces franges de la soci�t� alg�rienne. Incontestablement, la d�ception des paysans des montagnes des A�t Djelouah ou d�ailleurs contre le pouvoir central, l�administration et partis politiques se v�rifie tous les jours.
ILS N�ONT RIEN FAIT POUR NOUS, NOUS N�IRONS PAS VOTER
Interrog�s, en effet, au sujet de leur position par rapport au scrutin du 17 mai prochain, c�est le vieux Rabah qui, en vieux roublard, r�sume la situation : �Ils (les anciens �lus et l�administration) n�ont rien fait pour nous. Je n�irai pas voter. D�ailleurs, tiendront-ils compte de ma voix et celle-ci sera-t-elle respect�e ? Je ne leur donnerai donc pas une autre fois l�occasion de me ridiculiser.� Ses compagnons sont apparemment convaincus par ce jugement. Cette prise de position n�est pas la cons�quence d�une conviction partisane, bien que celle-ci ait probablement contribu� � la renforcer ; pourtant, l�observateur constatera sans aucun doute qu�elle est par contre grandement suscit�e par l�amertume d�coulant d�un combat quotidien et sans issue men� contre la pauvret� mais �galement par des cris de d�tresse rest�s longtemps sans �cho.


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