Les bouleversements socioéconomiques, l'évolution des mœurs et des mentalités de la société ces cinq dernières décennies, ne sont pas arrivés à bout de cette soif inextinguible qui anime les initiateurs de la fondation de la khizana qui se sont fixés comme principale mission de ressusciter la culture et la diffusion du savoir et de la connaissance à la zaouïa. L'absence de manifestations culturelles et artistiques dans la paisible localité a poussé un petit groupe d'intellectuels pleins de volonté à prendre à bras-le-corps la problématique culturelle en lançant cette louable initiative. Mais la création de la khizana dans cette cité de 15 000 âmes dont les habitants ne pouvaient, eux non plus, admettre indéfiniment la carence culturelle, répond en réalité à l'ardent souhait de l'opinion locale de la petite oasis enclavée qui a donné naissance, s'empresse-t-on de rappeler souvent avec fierté, à de prestigieux auteurs mondialement connus à l'instar de Pierre Rabhi, Mohamed Moulshoul alias Yasmina Khadra, Malika Mokadem, le sociologue Rabah Sebaâ, sans oublier la célèbre Farda de Kenadsa dont l'audience et le rayonnement à l'échelle nationale et internationale sont reconnus. Donc, le fil du savoir et de la connaissance rompu quelque temps vient d'être renoué par cette fondation à caractère culturel. Et d'ailleurs ce n'est pas un hasard si des visiteurs officiels et non officiels, à l'occasion de leur déplacement dans la région, effectuent un rapide détour sur ce lieu considéré désormais comme un espace de diffusion des manifestations culturelles. Ils en repartent émerveillés. De cet émerveillement, on peut citer les communications scientifiques de haut niveau portant sur divers sujets de société qui sont dispensées par des professeurs universitaires et intellectuels retraités devant un parterre de citoyens qui arrivent des communes voisines et qui sont invités à leur tour à participer aux débats et échanges d'idées qui, parfois, fait surprenant, sont peu conformes à l'orthodoxie ambiante mais toujours dans une atmosphère de convivialité, de tolérance et d'ouverture d'esprit. Mais le mérite de la création de cette fondation culturelle revient incontestablement au professeur Tahiri Mébarek, gérant et gardien du temple descendant des cheikhs de la zaouïa et qui veille scrupuleusement à la préservation d'au moins 250 manuscrits anciens d'une grande richesse. Certains de ces documents ont été altérés par le temps, d'autres sont encore en bon état de conservation. Dans ces manuscrits on trouve de la science religieuse, de la poésie, de la philosophie et des échanges de correspondance manuscrite des descendants des cheikhs qui se sont succédé à la tête de la zaouïa et dont le premier fondateur fut le cheikh Ahmed Bin Abi Ziane vers la fin du XIe siècle. A côté de ce trésor inestimable de manuscrits, sur les murs des dédales de couloirs enchevêtrés conduisant à la khizana, et qui nécessitent une restauration à la mesure de ce lieu du savoir, sont tapissés de portraits d'imams, de oulémas et autres personnalités qui ont vécu dans la zaouïa. De cette panoplie de portraits, ne sont pas oubliés aussi ceux, de triste mémoire, des premiers officiers de haut rang de l'armée coloniale française qui avaient conduit l'invasion de la région au début de la prise de Béchar en 1903, invasion qui s'était effectuée par Taghit au Sud.