Un suivi massif et sans précédent du mot d'ordre de grève. » Tel est le constat établi hier par le bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) pour le premier jour d'un débrayage devant durer 15 jours. Un premier test donc, qui a donné carte blanche à un mouvement de protestation qui réclame toute la considération voulue pour les enseignants universitaires. « Le suivi est massif, du jamais vu depuis les grèves de 1996 et 1998. Les enseignants disent basta ! Ils veulent du concret et le réclament », indique Abdelmalek Rahmani, coordonnateur du CNES, contacté hier. Le même responsable syndical affirme que cet engouement des enseignants plaide pour la poursuite de la grève. « Les enseignants disent une chose, soit les pouvoirs publics répondent de manière concrète à nos doléances, ou nous irons jusqu'au bout », note M. Rahmani. Se basant sur les rapports des sections du CNES sur le territoire national, le même coordonnateur affirme des taux de 100% de suivi dans la majorité des wilayas. « Qu'il s'agisse de Batna, Sétif, Tizi Ouzou, Oum El Bouaghi, Djelfa, Laghouat, Alger, Bordj Bou Arréridj, M'sila, Oran ou Biskra, ainsi que dans d'autres pôles universitaires, notre mot d'ordre a été suivi massivement. » Notre interlocuteur note que des universités, comme à Alger, n'ont fonctionné qu'à 40% avec des vacataires qui ont assuré quelques cours de travaux dirigés. « Les permanents ont répondu à la mobilisation à 100% », précise-t-il. Ce dernier explique que ce répondant sans précédent des enseignants est la preuve de « l'existence d'une symbiose avec la direction nationale du CNES ». A noter que toutes les sections du même syndicat ont appelé à la tenue d'assemblées générales en vue d'évaluer la teneur du discours du président de la République sur la situation de l'université algérienne. « Même les assemblées générales ont rassemblé beaucoup d'enseignants, parfois jusqu'à 250 réunis dans un amphithéâtre, c'est dire l'importance de la mobilisation et l'attachement des enseignants à voir la situation dans les universités algériennes évoluer vers le meilleur », indique M. Rahmani, ajoutant que lors de ces réunions, les enseignants sont arrivés à la conclusion que seule la concrétisation des orientations du président pourra apaiser la tension qui anime le monde universitaire. « Les enseignants disent ceci : ils n'ont qu'à nous garantir la concrétisation immédiate – comme souligné dans le discours – des orientations visant la réhabilitation du rôle de l'enseignant et la valorisation de son salaire. Quand l'université est dans la dérive, c'est tout le monde qui est perdant, les enseignants, les étudiants et toute la société », souligne notre interlocuteur. A noter que la réunion du conseil national du CNES, qui était prévue pour le 17 du mois en cours, a été reportée à une date ultérieure afin de mieux évaluer l'action du syndicat et les étapes à franchir dans le proche avenir.