Les enseignants du supérieur n'ont pas dispensé de cours hier. La majorité des universités à travers le territoire national ont été paralysées suite à l'appel à la grève lancé par le CNES, syndicat national des enseignants du supérieur. Les membres du conseil national du CNES avaient affiché, en décembre 2005, dans tous les campus, l'information relative à la journée nationale de protestation avec un arrêt de travail prévu pour la journée du mardi 24 janvier. A cet effet, certains recteurs d'établissement ont pris en considération cet appel et ont reporté tous les examens programmés à cette date, d'autres n'ont opéré aucun changement... C'est le cas de l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediene (USTHB) de Bab Ezzouar, les étudiants dans les différentes filières (biologie, chimie, informatique...) ont déserté les salles de classe et ont pris d'assaut les espaces verts après avoir constaté l'absence des enseignants. « L'administration aurait pu reporter les examens programmés pour hier en prévision de la journée de protestation des enseignants. De cette manière, on aurait pu préparer les autres épreuves plus tranquillement et on nous aurait surtout épargné le déplacement jusqu'à l'USTHB », dira un étudiant allongé, à l'instar de la majorité de ses camarades, sur le gazon et faisant semblant de réviser ses cours. A voir ce spectacle, l'on confirme les propos tenus par Farid Cherbal, coordonnateur national adjoint chargé de la région centre au niveau du CNES. Celui-ci a soutenu que l'arrêt de travail a été massivement respecté à travers le territoire national, et que sur les 58 établissements situés à l'échelle nationale, 42 d'entre eux ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève. « Nous avons enregistré une grande participation des enseignants qui, à travers leur adhésion à notre mouvement, ont voulu dénoncer la dégradation dramatique du pouvoir d'achat de l'enseignant du supérieur », a indiqué M. Cherbal. Ce dernier a expliqué que les enseignants dans les différentes universités ont tenu des assemblées générales afin de procéder au vote à bulletin secret de la semaine de grève prévue du 25 février au 2 mars 2006. « Lors de la réunion du conseil national, tenue en décembre 2005, nous avons décidé d'aller vers un mouvement de débrayage d'une semaine à partir du 25 février. Toutefois, cette action ne peut se concrétiser sans son approbation par l'ensemble des enseignants. D'ailleurs, c'est pour cette raison que nous avons opté pour le vote et nous avons aux environs de 14h dépassé les 50% de votants pour une grève d'une semaine », a souligné notre interlocuteur. Ce dernier a estimé qu'un préavis de grève sera déposé sur le bureau de la tutelle une semaine avant le débrayage. Néanmoins, pour la journée de protestation d'hier, les représentants du CNES ont affiché leur satisfaction du fait que la participation à l'arrêt de travail était suivie à 100% dans les villes de Béjaïa, Tizi Ouzou, Blida, Boumerdès, Constantine, au campus de Bouzaréah, à l'INI, à l'EPAU... « Il y a eu un raz de marée. Ceci est un bon indicateur de la mobilisation des enseignants autour de leurs revendications », dira un représentant du CNES. Les enseignants du supérieur demandent au gouvernement l'augmentation en urgence de leurs salaires. « Depuis 2002, l'année où les enseignants du supérieur ont vu leurs salaires revus à la hausse, il n'y a pas eu d'autres augmentations, alors qu'en l'espace de quatre ans, l'inflation a rattrapé tout le monde. Nous avons arraché l'augmentation des salaires allant de 8000 DA à 10.000 DA après une grève qui a durée 74 jours », a expliqué un représentant du CNES. Les autres revendications consistent en la promulgation du statut de l'enseignant chercheur, l'octroi d'un quota de logements, en plus du règlement des problèmes de logements conventionnés, de la démocratisation de la gestion de l'université, notamment l'élection, dans une première étape, des doyens et des chefs de département et par la suite l'élection des présidents d'université, ainsi que la création de postes budgétaires pour les jeunes diplômés. Par ailleurs, les responsables du CNES ont tenu à préciser que les enseignants sont déterminés cette fois-ci à aller jusqu'au bout. « Nous avons arrêté plusieurs actions, dont un mouvement de débrayage du 25 février au 2 mars. Si durant cette semaine, les pouvoirs publics ne prennent pas en charge nos revendications, nous durcirons le ton en optant pour une autre grève ouverte prévue pour le mois de mai », a déclaré, sur un ton menaçant, M. Cherbal. De leur côté, les responsables au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont indiqué que le dialogue est l'unique alternative pour le règlement des problèmes posés par les enseignants. « Nous avons tenu plusieurs réunions avec les responsables du CNES, où nous avons débattu de toutes les revendications des enseignants. Des commissions mixtes ont été installées et ont pour mission, entre autres, l'élaboration du statut de l'enseignant. D'autres rencontres sont également prévues pour la poursuite des discussions », a souligné le chargé de la communication qui, de son avis, l'arrêt de travail auquel a appelé le CNES a été partiellement suivi par les enseignants. « Le ministre de tutelle est favorable au dialogue et appelle, à cet effet, les enseignants à faire preuve de sagesse et de poursuivre, comme convenu, le processus de négociation », a affirmé le représentant du ministère.