– Canada Riadh Benaissa D'origine tunisienne, Riadh Benaissa a travaillé pour SNC-Lavalin pendant 27 ans avant d'être remercié en février 2012 alors qu'il occupait le poste de vice-président en charge de la branche construction. La raison officielle de cette «démission» : il aurait chapeauté un complot pour faire exfiltrer de Libye Saadi, le fils de l'ancien dictateur libyen Mouammar El Gueddafi. Entre-temps, la justice suisse enquêtait sur les mouvements financiers suspects entre des comptes bancaires de SNC-Lavalin en Suisse et des comptes de sociétés off-shore contrôlées par Riadh Benaissa –120 millions d'euros. Ceux-ci auraient servi à verser des pots-de-vin pour l'obtention de contrats publics au Maghreb. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) croit qu'il a gardé près de 42 millions pour son utilisation personnelle (il possède un immeuble à Genève, en Suisse, un appartement avenue Montaigne à Paris, un appartement à Monaco, deux maisons à Tunis et un appartement à Montréal). Depuis son arrestation en mai 2012, Riad Benaissa est toujours en prison en Suisse, dans l'attente de son jugement. Au Canada, il est sous le coup d'un mandat d'arrestation pour fraude –22 millions de dollars– dans le cadre d'un projet de construction d'hôpital à Montréal. Le montant aurait été camouflé par un projet fictif. Il devrait être extradé au Canada aussitôt l'enquête suisse terminée. Il a été derrière plusieurs contrats conclus par SNC-Lavalin en Algérie dont l'usine de dessalement de l'eau de mer de Tipasa pour 150 millions de dollars en 2008 et le complexe gazier de Rhourde Nouss pour un peu plus d'un milliard de dollars en 2009. Pierre Duhaime PDG de SNC-Lavalin de 2009 à 2012, il est accusé au même titre que Riadh Benaissa par la Gendarmerie royale du Canada de «complot de fraude, fraude et usage de faux» dans le cadre du projet de construction d'un hôpital à Montréal d'un coût de 1,2 milliard de dollars. Le montant de la fraude camouflée par un faux projet en Algérie est de 22 millions de dollars. Sami Bebawi Supérieur de Riadh Benaissa jusqu'en 2006, Sami Bebawi quitte SNC-Lavalin en 2007. Interrogé par la justice suisse mais pas encore inculpé, il est accusé au Canada de corruption et de blanchiment d'argent. Il aurait détourné 33 millions de dollars grâce à des projets au Maghreb. Il a quitté le Canada pour, probablement, l'Egypte, son pays d'origine. Sami Bebawi est derrière plusieurs contrats de SNC-Lavalin en Algérie, dont le projet de dérivation de l'eau potable de cinq barrages pour assurer l'alimentation d'Alger pour un total de 141 millions de dollars en 2002, la centrale thermique de Skikda pour un montant de 600 millions de dollars en 2003, la centrale thermique de Hadjret Ennouss pour un montant de 1,3 milliard de dollars en 2006. Stéphane Roy Ancien vice-président en charge des finances de la branche construction de SNC-Lavalin, on lui a demandé de démissionner en février 2012 au même titre que son patron Riadh Benaissa. Stéphane Roy est accusé au Canada d'avoir tenté d'aider Saadi El Gueddafi à entrer illégalement au Mexique en puisant dans les comptes de SNC-Lavalin. La Gendarmerie royale du Canada est également en train de rechercher la trace de 56 millions de dollars qui auraient aussi servi à payer des commissions pour l'obtention de contrats au Maghreb. Selon lui, «SNC-Lavalin avait créé une culture d'entreprise où sa pratique courante était de faire tout le nécessaire, incluant le paiement de commissions et autres bénéfices pour obtenir des contrats.» Il dit avoir agi «selon les moeurs et attentes» de l'entreprise.
– Italie
Paolo Scaroni A 66 ans, le patron de l'Eni depuis 2005 est l'homme de Berlusconi avec qui il partage le titre honorifique de «Cavaliere». Ce dernier lui a même fait cadeau de quelques actions de son club de football AC Milan. Durant l'opération Mani Pulite en 1992, Scaroni est arrêté et accusé d'avoir versé des pots-de-vin au Parti socialiste italien pour obtenir l'autorisation de construire la centrale électrique de Brindisi (Italie), pour le groupe Techint dont il était le patron. En 1996, il collabore avec la justice pour voir sa condamnation réduite à un an et quatre mois de prison, échappant ainsi à l'incarcération. Le 7 février 2013, il est mis en examen par le parquet de Milan pour corruption internationale dans l'affaire Sonatrach-Saipem-Eni. Pietro Varone Le directeur de l'ingénierie et de la construction de Saipem se trouve dans la prison milanaise de San Vittore depuis le 28 juillet dernier. Lorsque le scandale Saipem éclate, il est suspendu de ses fonctions le 5 décembre. La demande de mise en liberté présentée par ses avocats est rejetée, car les juges estiment que Varone a trop d'argent et de complicités hors de prison et qu'il existe un risque concret de fuite à l'étranger. L'ancien directeur général de Saipem est accusé d'avoir créé la toile d'araignée des corrupteurs et corrompus et d'avoir versé les 197 millions de dollars aux intermédiaires algériens, avant d'empocher lui-même 10 millions de dollars au moins du pactole. Varone a affirmé aux juges : «Bedjaoui m'a assuré qu'il versait lui-même de l'argent au ministre Khelil.» Pietro Franco Tali Mis en examen par la justice, le patron de Saipem a remis sa démission au lendemain du scandale. Son groupe lui a rapidement trouvé un successeur et la société lui versa 7 millions d'euros d'indemnités. Tullio Orsi Pour garder le silence, l'ex-président de Saipem-Algérie se serait fait acheter par Bedjaoui pour 7 millions de dollars. C'était au moment de sa fuite d'Algérie, début 2010, lorsque la justice algérienne commençait à enquêter sur l'activité de la filiale de l'Eni dans le pays. Bedjaoui paya son silence avec une rémunération mensuelle de un peu plus de 5000 dollars pour «consultation» qui s'ajoutent aux 7 millions. Mais Orsi, qui a été également mis en examen par la justice italienne, c'est aussi la taupe qui a livré aux enquêteurs les informations qui ont permis de remonter la filière des intermédiaires : Alessandro Bernini, ex-directeur financier de Saipem, Antonio Vella, responsable de Saipem pour la région de l'Afrique du Nord, et Nerio Capanna, l'ex-dirigeant de Saipem.
– Algérie
La famille Khelil Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie, 74 ans, est poursuivi pour corruption, trafic d'influence, abus de fonction, blanchiment d'argent et direction d'une association de malfaiteurs et d'une organisation criminelle transnationale. De nationalités marocaine, algérienne et américaine, il possède au moins 5 propriétés. Il a bénéficié d'un triplex dans l'immeuble Chabani, à Alger. Il est propriétaire d'une villa à Oran. Son épouse et lui ont acheté, en 2007 et 2008, trois propriétés aux Etats-Unis, dans le Maryland, d'une valeur de 2,1 millions de dollars. Le mandat d'arrêt international lancé par la justice algérienne concerne également son épouse, Najat, et ses deux enfants. Son fils Sina dirige plusieurs sociétés spécialisées dans le développement de programmes informatiques. L'une des sociétés dont il a été directeur général, Clearlogic Inc, est soupçonnée par la justice américaine d'avoir servi de société écran. Sina Khelil était actionnaire dans la société à hauteur de 53%, soit l'équivalent de 7,96 millions de dollars. Sa mère possédait également des actions dans l'entreprise. Clearlogic Inc a obtenu plusieurs marchés de Sonatrach. Aujourd'hui, Sina Khelil est PDG de la société Saufis, fondée en 2011 et domiciliée dans le Delaware. L'entreprise aurait, selon les déclarations, 68 000 dollars de revenus annuels. Le deuxième fils de la famille, Khaldoun Khelil, ainsi que son épouse sont associés à Farid Bedjaoui dans plusieurs entreprises. Ils géreraient des actifs de 8 milliards de dollars au Moyen-Orient et en Asie. Rédha Hemch Sorti indemne de Sonatrach I où il était déjà présenté comme le «cerveau» à partir duquel s'organisent les passations de marchés de gré à gré et l'octroi de contrats illégaux, l'ancien agent consulaire, devenu chef de cabinet du PDG Mohamed Meziane, fait cette fois, lui aussi, l'objet d'un mandat d'arrêt international. Le neveu de Chakib Khelil a probablement quitté Montreux, en Suisse, où il avait été exfiltré en 2009, date à laquelle le DRS a commencé à enquêter sur son cas. Une mise à l'abri accompagnée d'un parachute doré de 8 millions de dinars en tant qu'allocation de fin de carrière et d'un poste dans la filiale Sonatrach International Holding Corporation, filiale (Samco), à Lugano. Cet intriguant, originaire de Hennaya (Tlemcen), a un passé plus que trouble puisqu'il a déjà été arrêté et incarcéré à Marseille en 1997 pour possession de voitures volées. Il a acquis en 2003 un appartement dans la tour Chabani (le même immeuble que celui de Chakib Khelil), touchait 150 000 DA de salaire mensuel à Sonatrach et aurait dépensé jusqu'à 8 millions d'euros en thalasso, hôtels et restos avec Khelil et Meziane entre la France, Genève et les USA. Son nom est apparu pour la première fois dans l'affaire des tours BRC. Farid Bedjaoui Ce Français d'origine algérienne, diplômé de HEC, 43 ans, a le sens des affaires. Après avoir créé plusieurs entreprises spécialisées dans l'import-export de produits alimentaires, le neveu de Mohamed Bedjaoui, ancien président du Conseil constitutionnel, a servi d'intermédiaire de luxe pour les «affaires» de Khelil. C'est vers sa boîte, Pearl Partners Limited, domiciliée à Hong Kong, que seraient partis, d'après les Italiens, tous les pots-de-vin versés par Saipem pour obtenir des marchés en Algérie. Soit 197 millions d'euros. Le parquet de Milan a lancé une commission rogatoire pour récupérer plus de 100 millions de dollars qui seraient dans des comptes de Farid Bedjaoui à Singapour et 23 millions à Hong Kong. Bedjaoui fait aussi l'objet d'investigations au Canada pour avoir aidé le groupe SNC-Lavalin, via une casquette de conseil en placement-mécène-consultant, à obtenir des marchés en Algérie en contrepartie de commissions. En 2003, il a obtenu via sa compagnie, Rayan Asset Management FZ LLC, basée à Dubaï, un portefeuille de 2 milliards de dollars de la part de Sonatrach, grâce à ses liens avec Chakib Khelil. Dubaï, qu'il aurait quitté pour les Etats-Unis depuis qu'il est recherché.