Diar El Kef à Oued Koriche, ce n'est pas seulement ces barres d'immeubles infects, c'est aussi cette insécurité grandissante dont les premières victimes sont d'abord les résidants qui sont confrontés à des « poussées de fièvre ». Les événements qu'a connus Bab El Oued renseignent sur la situation tendue dans un quartier qui souffre de la précarité. Taux d'occupation élevé (TOL) dans une cité qui s'est dégradée rapidement au lendemain de l'indépendance. Les intempéries de Bab El Oued de 2001 et le séisme, deux ans après, ont fait leur effet : les murs sont lézardés et le parterre gondolé et y habiter toujours est un risque permanent. Pour atténuer la promiscuité, beaucoup d'occupants ont choisi de faire des « extensions » comme ils le peuvent. Ou construisent carrément des baraquements. La majorité a « accepté » le sort qui lui est réservé, avec tous les désagréments imaginables. Effet « collatéral » de cette situation, des groupes de jeunes dont l'âge ne dépasse guère la trentaine qui « ne représentent » pas la population, soutient-on sur place, organisent souvent des descentes en ville, ou s'affrontent entre eux. L'action des jeunes est apparente sur la voie publique à Oued Koriche mais surtout à Bab El Oued ; ils dressent des barrages de fortune, molestant les uns et agressant à coups de machette les autres. La tension est encore plus perceptible du fait que la cité est située sur les hauteurs entre deux communes : Bab El Oued et Bologhine. Elle est ainsi le passage des résidants de Zeghara, Notre-Dame d'Afrique et quelques autres quartiers de Bologhine. Ce qui intrigue plutôt les habitants dans ces situations qui se répètent souvent, c'est le manque d'empressement des services de sécurité, qui n'osent pas faire « une incursion » dans la cité ou carrément « surveiller » les passages qui y mènent. La solution pour certains habitants c'est de reloger les résidants et de raser la cité. Selon une étude menée par FAUR, bureau d'études de l'architecte Hamid Ougouadfel, reprise par la revue Vie des villes, les bâtiments devraient faire l'objet d'opérations de requalification urbaine. « De la requalification en question, il découle, avant tout, le principe de sauvegarde d'un patrimoine immobilier important. Ce dernier a annulé de fait l'idée de démolition, qui aurait pu se présenter comme solution alternative », assure-t-on. A partir du 11 septembre 2001, 137 familles ont été relogées, ce qui a permis la récupération de 74 logements de type F1 (type unique à Diar El Kef). « Pour rendre possible cette opération, j'ai personnellement reçu dans mon bureau les représentants des familles concernées et j'ai ainsi étudié les dossiers au cas par cas avant de trancher », a explique le wali délégué de la daïra de Bab El Oued, comme rapporté par la revue. Le 15 octobre dernier une opération a été menée au profit de 350 familles. Construite en 1957, Diar El Kef constitue, selon les rédacteurs de l'article, la deuxième génération des centres de recasement érigés en Algérie pendant la période coloniale, destinés à abriter, affirme-t-on, la population locale. « C'est dans des cellules n'excédant pas les treize mètres carrés, dans une pièce, une loggia avec un évier, sans toilettes ni cuisine, qu'avaient évolué, durant au moins quatre décennies, des d izaines de familles algériennes », relève-t-on.