Un fait étrange : plusieurs habitants de la commune de Aïn Makhlouf demandent le départ de tous les membres de l'APC ! De fait, ils ont fait circuler une pétition datée du 20 février qu'ils ont adressée aux autorités locales, ils nous en ont fait parvenir une copie dans laquelle ils soulèvent une dizaine de problèmes se rapportant à la distribution du logement social, de l'aide à l'habitat rural, aux marchés publics, et à bien d'autres choses. Ils parlent d'incapacité dans la gestion de la commune, accusant les membres de cette assemblée de tous les maux laxisme, négligence, corruption, abus de pouvoir, favoritisme, etc. Dans un rapport daté du 23 février, adressé au wali et signé par le président de l'APC, Abdallah Sellaoui, on a répondu point par point à ces accusations, les réfutant en bloc et en détail et déclarant que l'APC a travaillé (et continue de le faire) dans le cadre de la loi. On révèle même le fait que les signatures portées sur la pétition devaient en vérité servir à la création d'une association de quartier et que certains en auraient usé pour semer la discorde au sein de la collectivité. En témoignent d'autres signatures de certaines des mêmes personnes en faveur de l'APC. Afin d'en savoir plus, nous nous sommes rendus à Aïn Makhlouf. Situé à une quarantaine de kilomètres de Guelma, sur le CW 123, c'est-à-dire loin des grands axes routiers, ce gros bourg, chef-lieu de daïra, compte plus de 8000 âmes. Vrai, il ressemble à tous les villages, avec ses maisons en perpétuel chantier, jamais finies, mais bien sûr habitées depuis bien longtemps. Cependant, une chose saute aux yeux, ou plutôt on la ressent fortement quand on circule dans un véhicule, la chaussée est durement crevassée, et dans plusieurs endroits le trottoir est inexistant. Aussi, par ces temps de pluies, l'on barbote dans la gadoue. Outre le chômage et la crise du logement, les habitants évoquent, entre autres problèmes, le manque de gaz naturel, l'envahissement des ordures, les perturbations dans l'alimentation en eau potable. Des jeunes s'inquiètent de la distribution des 35 locaux aménagés dans les ex-Aswak. Certains fellahs se déclarent lésés quant à l'aide à l'habitat rural, accusant les responsables de favoriser des gens résidant dans d'autres communes. D'autres réclament l'ouverture de la maternité, dont la bâtisse existe, mais qui n'est pas fonctionnelle, faute de personnel. A propos du gaz naturel, selon les quatre membres de l'APC, dont le président, que nous avons rencontrés, le dossier est ficelé et se trouve actuellement au niveau de la direction de l'industrie et des mines. L'on nous dit que la réalisation de ce projet est prévue dans le cadre du programme complémentaire du président de la République, du moins selon ce qu'on a compris lors de sa visite à Guelma en 2003. La commune de Aïn Makhlouf figure-t-elle parmi les centaines d'autres devant bénéficier du gaz naturel ? D'un autre côté, il y a plusieurs revendeurs de bouteilles de gaz, et ces dernières sont disponibles à profusion, rassurent-ils, contrairement à ce qu'avancent certains citoyens. Ces responsables locaux approuvent le fait que la maternité, en n'étant pas fonctionnelle, constitue un handicap sérieux en cas d'urgence, et ils réclament avec insistance une ambulance. L'on ajoute aussi que cinq salles de soins disséminées à travers le territoire de la commune ne font pas l'objet de visite d'un médecin, notamment celles des agglomérations de Beldjoudi et Benaâraâr. Pour eux, si l'état des routes à l'intérieur du village est un héritage des APC précédentes, cependant, une opération de « rapiéçage » dans le cadre d'une opération de volontariat organisée par les entrepreneurs est en cours, et ce, en attendant la réalisation du projet de réfection datant de 2003. Suite au retard imputé à l'Entreprise de travaux routiers (ETRG) quant à sa réalisation, le marché, d'un coût de 3 MDA, a été résilié, un entrepreneur privé en a bénéficié et va entamer les travaux prochainement. Pour ce qui est du ramassage des ordures, l'on n'arrive pas à comprendre pourquoi avec trois camions et deux tracteurs, deux équipes se relayant pour enlever les ordures, et la disponibilité de 27 poubelles publiques, dont l'achat a été grevé du budget de la commune, les ordures jonchent toujours les rues. C'est que si certains citoyens sont à cheval sur le civisme, d'autres... Concernant l'AEP, les membres de l'APC, qui se disent satisfaits de la fréquence actuelle de distribution, soit plusieurs heures un jour sur deux, répliquent qu'au moindre pépin, ils tarabustent des services de l'Epdemia pour que l'eau soit disponible. Les 35 locaux des ex-Aswak ont fait l'objet de travaux d'aménagement, reste la procédure d'attribution, qui relève du ressort des autorités de la wilaya. Cependant, citoyens et élus sont d'accord sur un point : l'affaire du silo. De fait, au début des années 1990, ayant nécessité 5 MDA, un silo avait été réalisé à la ferme Messikh, à 2 km à la sortie de Aïn Makhlouf, sur la route de Tamlouka, mais n'a jamais été utilisé. On demande justement de le faire pour mettre fin aux désagréments engendrés par la sarabande des tracteurs et autres camions dans le village, lors des récoltes, car l'ancien silo, datant de l'époque coloniale, se trouve actuellement en plein centre-ville. Selon le chef de daïra, Kaddour Bachir, sollicité de donner son avis à propos des problèmes dont souffre la commune, « certes, celle-ci manque de moyens financiers, mais les élus doivent faire beaucoup plus d'efforts et doivent communiquer beaucoup plus avec les citoyens ». D'ailleurs, tous ces points et d'autres non moins importants ont fait l'objet d'un PV ayant sanctionné une réunion des membres de l'APC avec le chef de daïra, tenue le 8 février dernier et donnant un mois pour les membres de l'APC et d'autres services pour redresser la situation. Bientôt, on saura si les choses ont avancé ou pas.