La crise de la presse écrite inquiète fortement les responsables des entreprises de presse. Concurrencée par la montée d'Internet et des journaux gratuits, mise en difficulté par la chute des recettes publicitaires, la presse a vu son chiffre d'affaires baisser de façon inquiétante depuis 2000, mettant en péril son avenir. La crise économique mondiale risque de lui porter l'estocade. La presse africaine, étoffée par un contexte politique des plus hostiles et une situation économique inconfortable, est la plus exposée à cette dépression. Cet état de fait ne laisse pas les patrons de presse et les journalistes sans réagir. Afin d'y faire face et tracer de nouvelles perspectives, un colloque international se tiendra aujourd'hui et demain dans la ville camerounaise, Douala, qui regroupera plusieurs participants venus de différents pays du monde, journalistes, universitaires et patrons de presse, dont le directeur de publication du quotidien El Watan, Omar Belhouchet. A l'initiative du principal quotidien camerounais, Le Messager, à l'occasion de son 30e anniversaire, la rencontre de Douala, qui est placée sous le thème « L'avenir de la presse africaine, 20 ans après la chute du Mur de Berlin et à l'heure de la mondialisation » verra l'intervention de beaucoup de journalistes et patrons de journaux. Les débats porteront essentiellement sur « La consolidation des espaces de liberté conquis pour empêcher un retour à l'ancien ordre ». Il s'agira également « d'explorer les voies et moyens pour assurer la survie des médias africains dans un contexte de crise financière et examiner les conditions économiques d'un nouveau départ de la presse écrite africaine », précisent les organisateurs de la rencontre. Par ailleurs, les participants à ce colloque tenteront d'amorcer une réflexion sur l'avenir des médias et l'élargissement des espaces de liberté « que la presse a pu glaner à la faveur du vent de l'est, qui a impulsé un processus de démocratisation dans un certain nombre de pays ». D'autres axes seront également évoqués lors de ce colloque, tels que « Pouvoir politique et sous-développement de l'entreprise de presse en Afrique centrale », « Comment réussir le regroupement professionnel pour faire face aux défis communs », « La presse écrite à l'épreuve des nouveaux supports de publicité » et « Conjoncture économique et santé financière des entreprises de presse en Afrique », bref tout ce qui est en rapport avec la presse écrite. Au chapitre des stratégies de survie et de développement des entreprises de presse face à la crise, l'exemple algérien sera examiné. Et c'est Omar Belhouchet, directeur de publication du quotidien El Watan, qui s'emploiera, dans sa communication, à présenter l'expérience de la presse indépendante en Algérie et ses perspectives dans un contexte de crise économique. Il parlera également des nouveaux défis – politiques et économiques – auxquels la presse algérienne doit y faire face. En somme, les participants au colloque ont souligné que la rencontre de Douala est d'une importance stratégique, dans le sens où elle permet aux responsables de journaux africains de réfléchir, élaborer des stratégies communes et agir ensemble. A la lumière des débats, les participants feront des propositions concrètes en vue de créer les conditions d'émergence, de développement et de maturation de véritables entreprises de presse en Afrique capables d'accompagner les processus de démocratisation des Etats et, en même temps, s'adapter aux règles que leur impose le marché.