Le procès du journaliste opposant tunisien, Taoufik Ben Brik, sera ouvert aujourd'hui à Tunis. Arrêté et écroué le 29 octobre dernier par la police tunisienne, M. Ben Brik est accusé de « voie de fait, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d'autrui ». Des accusations que le journaliste a rejetées en bloc. Pour ses avocats et des organisations de défense des droits de l'homme, l'incarcération de Ben Brik est directement liée à des articles critiques dans la presse française contre le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, publiés avant la dernière élection présidentielle. L'avocat de M. Ben Brik, William Bourdon, sera présent au procès. Dans un communiqué rendu public hier par son cabinet, Me Bourdon a affirmé qu'il s'efforcera de rencontrer son client en relation avec ses confrères tunisiens et rappelle que l'état de santé de Taoufik Ben Brik est préoccupant. Hier, la presse française a affirmé que la France a engagé des discussions avec l'Union européenne sur la présence de cette organisation au procès. La presse tunisienne étouffée « La concertation européenne se poursuit y compris sur la présence européenne à l'audience », a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, en réponse à une question pour savoir si la France allait envoyer un observateur assister à cette comparution. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s'était dit récemment « déçu » par les arrestations de journalistes en Tunisie, les jugeant « inutiles » alors que le président Zine El Abidine Ben Ali vient d'être largement réélu. Le journaliste a affirmé que c'est une machination gouvernementale qui vise à lui faire payer ses positions : « Ben Ali a menacé tout le monde, surtout ceux qui livrent le pays en pâture à l'étranger. Mes contributions à des médias étrangers – Nouvelobs.com, Mediapart, Rue 89, Courrier international – l'énervent ». Taoufik Ben Brik n'en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Le régime de Ben Ali l'a traîné plusieurs fois devant les tribunaux. Il avait fait en 2000 six semaines de grève de la faim pour protester contre les atteintes aux droits de l'homme dans son pays. Le gouvernement tunisien ne s'est nullement exprimé sur cette arrestation. Mais l'avocat de Ben Brik reste convaincu que « la seule explication se trouve dans la série d'articles publiés récemment par le journaliste dans la presse française ». Dans le dernier rapport de RSF sur l'état de la liberté de la presse dans le monde, la Tunisie figurait en 154e position sur 175 pays figurant dans le classement. Ainsi, la chape de plomb continue d'étouffer la presse tunisienne.