Mme Azza Ben Brik nous a transmis un message alarmant de son mari, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik. Son état de santé et ses conditions de détention ont atteint un seuil critique. « Taoufik est en train de mourir, faites quelque chose », nous a dit Mme Ben Brik depuis Tunis. « On vient de rendre visite à Taoufik, sa sœur, son frère et moi-même, les choses se présentent très mal, elles s'aggravent. Il nous a dit qu'ils sont en train de le torturer psychologiquement, ils ne le laissent pas dormir, les codétenus l'insultent à tout instant, aujourd'hui l'un d'eux s'est jeté sur lui, l'a agressé et brutalisé. On lui a déchiré ses vêtements. Le couffin que nous lui avons envoyé lundi, il ne l'a pas reçu, ses médicaments, on les lui donne qu'après coup et qu'après dispute avec les gardiens. » Azza nous dit, très angoissée, que Taoufik ne se sent pas en sécurité : « Je ne suis pas en sécurité, je ne suis pas en sécurité, Ben Ali est en train de me concocter autre chose, il ne veut pas me relâcher, il veut que je meure en prison. » Taoufik Ben Brik souffre d'une maladie très rare, le syndrome de Cushing, soit un dysfonctionnement des glandes surrénales qui régulent le métabolisme. Il est emprisonné depuis le 29 octobre 2009 à Siliana, à 130 km de Tunis et où il n'y a pas d'infrastructure hospitalière. La cour d'appel de Tunis l'a condamné le 30 janvier à six mois de prison ferme, confirmant ainsi le jugement de première instance du 28 novembre 2009 pour « violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire de biens d'autrui » sur la base d'une plainte déposée par Rym Nasraoui, une femme d'affaires de 28 ans, qui l'accuse d'avoir embouti sa voiture, de l'avoir battue et insultée devant témoins, « une affaire montée de toutes pièces », selon les proches et les avocats de Taoufik Ben Brik.